Être et chercher à être

Passer sa vie à vouloir être l’autre et affirmer simultanément sa volonté d’être soi, d’exprimer son identité….C’est la contradiction qui résulte des sociétés matérialistes.

Pour faire du profit, il faut nécessairement créer des besoins, car les besoins minimaux de survie, de décence basiques sont rapidement comblés.
Une fois semé  le champ des besoins primitifs, le tour de force consiste alors à projeter l’illusion de nécessité vitale sur des territoires de désirs ultrapériphériques ou farfelus- mais surtout modelables à souhait- sous les projecteurs de l’absolue nécessité.

Les êtres qui voient la lumière sans prendre le recul nécessaire pour en observer la source, se feront avoir sans faute: une fois happés par la fébrilité et le sentiment d’urgence on ne hausse  la tête que très difficilement pour fixer des yeux l’origine du rayon lumineux.
Dans l’angoisse, on s’agite, convaincu par habitude plus que par acte de raison donc totalement conditionnés que nous devons être quelqu’un il faut pour cela que nous ayons complètement accepter l’idée que nous ne sommes personne…

La stratégie commerciale de construction d’une personnalité est basée sur la nécessité de destruction de la personnalité en amont.
Au coeur de cette stratégie réside la conviction qu’il ne faut surtout pas que puisse advenir le moment où nous serons complets.
C’est la base constitutive du processus qui nous aspire et emplit nos pensées et nos journées.

Cette spirale morbide ne cache pas de grand méchant manipulateur- du moins nous  osons l’espérer-mais est bien plus probablement le reflet mercantile, l’application commerciale d’une logique interne: celle de la spirale illusoire vers laquelle nous mènent les stratégies d’identification:  « je veux être cela,  je dois être cela comme lui je suis cela »

Tant que nous sommes convaincus que nous devons être cela par probabilité ou par obligation, alors nous restons dans la spirale et nous l’alimentons.

Pour sortir de la spirale il faut être sans objet je ne peux pas simultanément chercher à être et être

La sous-catégorie la plus enfoncée dans la spirale de l’illusion est très certainement le désir, non pas d’être ceci ou cela, mais de paraître.
Au moins, dans le désir d’être, derrière la naïveté ou la myopie de la démarche, réside une forme d’honnêteté.
Le désir de paraître, dans sa forme la plus extrême est bien évidemment trompeur.
Dans sa version la plus édulcorée, il sera désillusion.
C’est à dire qu’il ne se trompe pas malencontreusement de voie mais qu’il croit sincèrement en aucune des voies qu’il aperçoit.
Cette décision n’est pas dés-illusion mais un désenchantement extrémiste.

NiDr

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