Elle guide le peuple, nous dit-on… Il arrive que l’individu aussi l’ait chevillée au corps.
Enchaîné à la liberté, est-il encore vraiment libre?
A évoluer seul, à rejeter la main tendue voyant dans celle-ci un affront au potentiel que l’on s’octroie, ou quelconque monnaie prêtée, qu’il conviendra un jour de rembourser;
A railler toute lumière sur le chemin, y voyant l’éphémère, ou perçant son allure pour y dénoncer l’ego artificier;
A enduire son corps d’huile pour éviter l’étreinte, et mieux renvoyer l’autre à son manque de lubrifiant,
Sans aucun doute, on reste libre.
A ne jamais choisir aucune voie, j’entretiens l’illusion que le champ des possibles n’est jamais récolté et pousse à l’infini, je m’assure qu’aucune expression de la vie ne soit empruntée, qu’aucun développement éventuel ne parvienne à maturité.
A l’obsession des portes ouvertes répondent les seuils infranchissables.
Vouloir rester toujours libre, c’est parfois refuser de vivre, car, en nous traversant, la vie, par son souffle même, ferme les portes derrière elle, et récolte les blés, le plus souvent dans le mépris total de nos petit schémas, des graines que nous avons semées, des couloirs que nous pensions devoir emprunter.
La bannière de la liberté, si elle est érigée trop haut, devient voile de l’obscurité.
L’estrade de la liberté si l’on y siège pour contempler le monde, au point de refuser d’y descendre peut devenir bloc de ciment.
La prise est lente et radicale…et douloureuse.
Car les deux pieds dans le béton, nous voyons passer les gens en leur criant:
« Regardez-moi, je suis libre!! »
Franck
