Nouvelles Fonctions Facebook : la Loupe et l’Accélérateur

Dans le plus grand secret, pendant que le monde regarde ailleurs, deux nouvelles fonctions viennent d’être ajoutées au monstre merveilleux….

Facebook s’était déjà posé la question, des mois durant, de savoir s’il fallait ajouter un bouton ‘je n’aime pas’, à côté du bouton ‘j’aime’. Ces atermoiements avaient, à l’époque, retenus le monde en haleine. En effet, vous imaginez aisément l’ampleur des enjeux stratégiques et financiers que dissimule une telle question.

Le Papa Licorne, à bientôt 2 milliards de clients, a ensuite émerveillé la terre entière lorsqu’il proposait, le cœur sur la main, d’offrir un accès Internet à l’ensemble des zones de la planète jusqu’alors épargnées par ses griffes dorées, et ses chatons en roulade sur les canapés. 

C’est vrai que la concurrence est rude et que, dans la Vallée de Plastique, la surenchère chatouille le ridicule et le potentiellement catastrophique quotidiennement.

Pourtant, ces développements font pâle figure à côté de ce qui attend le monde. Lorsque ces nouvelles options se seront installées tranquillement parmi la population, on envisagera difficilement un best-seller qui ne mentionne le phénomène et, en terre d’Orient, les retentissements se feront sentir jusqu’au fin fond de ce qu’il reste des monastères du Tibet.

Le géant bleu connaîtra un succès tel qui n’a jamais osé le rêver. Et c’est précisément ce succès qui le détruira.

‘The end of the world as we know it’/ la fin de Facebook, tel que nous le connaissons…

De quoi s’agit-il ?

Il en va d’un changement radical de paradigme, d’un retournement du sabre contre celui qui le tient. Et surtout, surtout que Facebook ne change rien.

La nouveauté est la suivante : que les nouvelles fonctions proposées par le réseau ne soient pas endogènes comme dans les cas présentés plus haut, mais exogènes. Cela viendra de nous. We, the people…

Mettons-nous à considérer Facebook comme à la fois une loupe et un accélérateur. 

Le retournement est le suivant : il s’agit de cesser d’utiliser Facebook en étant totalement obnubilé par le déroulement des vies fantasmées et de nos amis-espions. Qu’on le taise ou qu’on le confesse, ceci est malheureusement le cas et le constat que l’on vient de dresser est la première des nécessités.

Ne plus observer les autres pour mieux commencer à s’observer soi-même lorsque nous avons entre les mains le mur de nos vies. 

Facebook fournit alors à son insu le support qu’il est si difficile de trouver lorsqu’on cherche l’introspection.

Observons : qu’est-ce qui nous pousse à consulter compulsivement la moindre mise à jour d’un tiers, à qui par ailleurs on accorde peu d’importance dans la vie réelle ?

Quelle est la force en nous qui fait que nous cliquons sur ‘j’aime’ quand bien même, au mieux, nous n’avons que faire de l’information et cherchons juste par là à nous manifester, comme une interjection fainéante au discours de quelqu’un qui de son côté cherche à exister en deblaterant sur lui même. Les solitudes s’entrechoquent comme deux cailloux standards. Aucune flamme ne jaillit. 

Qu’est ce qui, finalement, nous pousse à nous connecter ?

 Car il y a bien pire que l’ennui, bien pire que ‘ne rien faire’…il y a produire du déchet numérique, mettre dans les limbes data centers quelques miettes de poussière digitale, contribuer au chaos des pensées.

Nous observons tout cela à la loupe et nous apercevons que ce besoin tribal, quasi irrépressible de se manifester afin de prouver à soi-même l’utilité de son existence, est totalement vain et ne peut être comblé. C’est une course contre le mur.

Peut-on rêver meilleure occasion pour apprendre à entretenir le contentement sans s’investir dans ces jeux obsessionnels? Et cultiver la compassion pour ceux qui demeurent prisonniers du Face-Hook ?

Pouvons nous goûter notre état de fatigue psychologique avancé, quand nous avons passé une heure entière aspirés de lien en lien, d’actualisation en commentaire?

Qu’est ce qui nous pousse à revenir le jour suivant ? À quel dieu sommes-nous prêts à sacrifier notre santé psychique ?

C’est une vraie question. À chacun les siennes.

La seconde option découle de la première. Après la loupe, l’accélérateur.

L’accélérateur d’éveil. Les prises de conscience s’enchaînent à vitesse exponentielle à mesure que nous nous prêtons au jeu de la loupe, et les réalisations s’enfilent de plus en plus rapidement telles les graines sur un mala.

De l’enfer digital les âmes s’éveillent, rendant ce lieu obsolète et pouvant potentiellement le transformer en une sphere d’échanges réels.

Ces mondes sont-ils autre chose que ce que nous en faisons?

Franck

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