Méditer, c’est comme gratter un peu le coin d’une vieille étiquette posée sur une bouteille en verre.
Certains jouent un peu du bout de l’ongle avec l’un des coins moins adhésifs et taquinent la possibilité de l’enlever…c’est une approche sensuelle et ludique. Elle s’interrompt souvent dès que les premières difficultés apparaissent. Alors, ceux-là se saisiront d’une nouvelle bouteille.
D’autres, s’appliquent à attaquer la surface avec l’ongle et la griffent frénétiquement jusqu’à ce qu’elle commence à laisser entrevoir la bouteille transparente et derrière le verre, la danse des liquides.
Cette approche est éminemment éprouvante et pour ceux qui s’y adonnent, l’effort fourni semble plus important que la vérité des fluides. Ils courent le risque de se perdre en affichage fastidieux de cet effort d’entretenir une relation myope et exclusive avec la pratique de l’assise elle-même.
D’autres, enfin, à la faveur d’une assise, passent le doigt de conscience sur l’un des coins repliés. D’un geste innocent et habité, ils s’en saisissent et arrachent tout.
Qu’auraient-ils pu faire d’autre ?
©FJ Jan 2021
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