Entre Le Chat et Moi

Je suis très perturbé par le chat, ce matin
lui qui, généralement, m’ignore royalement
à l’aurore, alors que nous partageoons physiquement le salon,
semble aujourd’hui en proie à de puissantes obsessions,

L’un après l’autre, il cherche bruyamment à ouvrir du bout de ses griffes chacune des portes de la pièce soigneusement fermées et calées par des chaussures et autres subterfuges pour l’empêcher de venir nous réveiller la nuit.
Le voilà qui va de porte en porte et tente de toutes les ouvrir.
Tous mes bruits de claquements buccaux, soupirs marqué, et autres “pschiit”, ;”tt”… lancer de tongues et chaussons au travers de la pièce ne suffisent à l’interrompre dans sa quête frénétique.

D’un coup, le voilà qui se jette au mur
D’un saut de ninja, il poursuit un insecte à moitié imaginaire, la batte heurte bruyamment le pot de vis posé là… il continue à semer le chaos dans cet espace que nous partageons au petit matin.

Soudain, je ne vois plus le chat comme le chat mais comme un représentant de mon esprit, lui-même agité, et non pour des raisons décrites plus haut, le chat en tous sens dans le salon.

Moi, en zazen dans un coin,
Lui et moi, automatiques prolongement de nos perturbations réciproques.

Physiquement, le chat me donne à voir, il manifeste de tout son être et dans l’espace des phénomènes psycho-énérgétiques intérieurs.
Peut-être en est-il le reflet ?

Il est possible qu’il soit lui-même mis en mouvement par mes agitations internes.
Alors la réalité serait la suivante : ce n’est pas le chat qui me perturbe, mais moi qui perturbe le chat.
Sa réaction m’irrite car elle reflète mon irritation intérieure.
Son agitation me fournit la parfaite excuse pour manifester la mienne.

La poule ou l’oeuf ?
Le chat ou moi ?

Je laisse la posture me réorganiser.
Clairement, et simplement, ce matin, je perçois la continuité entre l’expérience intérieure et les phénomènes extérieurs : la réalité ininterrompue au delà de nos barrières conceptuelles entre le dehors et le dedans.

Je réagis à ce que j’ai moi même créé,
Et rentre dans une boucle réactive.
Je comprends le sens du non-faire.

C’est une manière de perpétuer la boucle.
J’aimerais finir cette petite histoire en me disant que je m’enracine dans l’assise que le chat se couche enfin à mes genoux.

Il est fort possible que que cela se produise mais ce n’est pas ce qui se produit .
Le voilà qui miaule de façon permanente et continue à insérer ses griffes entre les portes et le mur pour les ouvrir
N’y parvenant pas, il les fait claquer en permanence.
Je me lève pour lui ouvrir la porte.
Ce n’est pas une lutte.


Franck September 2023
Recueils / Participations/ Pratique

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