Cette parole de Jean Le Baptiste est entendue de manière unilatérale.
Du Fils vers le Père, pour peu que l’on se permette quelques glissements par rapport au contexte resserré : au sein de celui-ci, c’est à Jésus que la parole s’adresse : “qu’il croisse et que je diminue” : celui qui dit croître est “celui qui vient”, celui qui, par la réalisation intérieure, qu’il croisse et que je diminue, je laisse advenir, le Père.
IL s’agit d’une invitation ici à retourner cette réalisation du Père vers le Fils.
Ceci pour en évaluer une interprétation d’ordre psychologique.
Si l’on s’en tient à un cadre strictement chrétien, il n’y a alors plus d’inversion, puisque celui qui advient est présent dans celui qui est, et inversement,
Père-Fils, au niveau sémantique, la superposition inscrit en réalité l’ensemble des dynamiques intérieures (et extérieures) dans une boucle, un cercle sans fin.
Le Père sent le Fils croître, l’enfant grandit, Il sent le Fils occuper l’espace différent.
Le Père sent le Fils devenir Lui.
Lui, celui qu’Il est, le Fils, son être, sa personne
Lui, ce qu’il est d’humain accompli, mature qui occupe l’espace-Père.)
Le point de bascule en tension s’est suffisamment accumulé pour que le Père s’aperçoive que la grande permutation entre l’espace-Père et l’espace-Fils peut avoir lieu
Le sablier peut amorcer son retournement.
Au niveau de l’équilibre familial,
Comme à celui dans l’équilibre dans la relation Père -Fils,
Il est nécessaire que l’un laisse advenir l’autre, lorsque le moment advient,
de la même manière qu’à la naissance de l’enfant, par celle ci, une dynamique similaire s’opèrera au sein de l’être-père.
“Lorsque l’enfant paraît”, le Père advient,
Avant la naissance le père n’est père qu’en devenir. Il ne naît à lui-même en tant que père qu’avec la naissance de l’enfant.
Et l’enfant, Celui qui occupait encore une certaine place au sein du père, est invité à “diminuer”.
Sur le cercle, nous avons progressé jusqu’à ce que suffisamment de tension s’accumule pour pouvoir naître à nous-même en tant que père.
Nous pourrions poursuivre et inverser à nouveau les rapports.
Lorsque le parent vieillit, diminue en tant que père et devient, en quelques sorte, le fils de son fils,
Ce dernier, ayant opéré la bascule intérieure est devenu le père de son père.
Les relations conflictuelles, tant au niveau de la famille qu’au niveau de la relation père-fils,
de conflits internes à l’individu sont en réalité, le résultant d’une méconnaissance d’un manque de familiarisation d’une incapacité à appréhender les forces en mouvement lors de ce phénomène “qu’il croisse et que je diminue”.
A ce point et quelque soit le champ d’interprétation que l’on choisisse (familial, relation père/ enfant,
Conflit intra-personnel, dimension spirituelle)
Accepter, reconnaître la nécessité. ( “il faut…” ) de diminuer, c’est grandir vraiment.
Dans cette pleine acceptation, reconnaissance (re-co-naissance), l’être transcende le cercle. En l’acceptant vraiment, il s’en extrait.
Sans que rien, pourtant, ne change.
Revenons dans le contexte évangélique.
Lorsque Jean prononce ces mots, alors qu’il s’efface pour laisser émerger celui qui est, celui qui vient,
Il atteste de sa réalisation profonde.
