Je réalise que la pratique est tout ce que nous avons, tout ce que nous sommes
et suis soudainement triste lorsque me traverse la pensée qu’à la fin de la vie terrestre correspond la fin de la possibilité de pratique.
L’occasion merveilleuse disparaît.
A la lumière de ce que j’ai lu et expérimenté, je sais pourtant que la pratique ne disparaît pas avec la mort.
Cependant, j’ai le sentiment qu’elle perdra de son intensité avec la vie terrestre qui s’en va, que sa potentialité d’action sera amoindrie.
Les bouddhistes reconnaissent que l’état de l’homme est idéal pour la pratique et l’investigation de conscience.
Au delà de celui-ci, une fois que nous le quittons, sommes-nous réduits à une forme diluée de la pratique, dans un espace-temps distendu où il devient plus aisé de s’engluer.
Je ressens l’acuité des travaux de conscience sous cette forme prise, leur caractère incomparable en comparaison des continuités.
Et bien que convaincu qu’à cette spécificité terrestre répondent certainement d’autres spécificités tout aussi édifiantes dans les royaumes qui nous attendent, je suis traversé de tristesse à la pensée que ceci, un jour, cessera et que l’occasion ne soit pas saisie dans toute son entièreté.
L’Homme naît avec des joyaux au fond de ses poches.
Les agitations successivement lui en font perdre beaucoup, la plupart des joyaux tombent au sol.
Ceux qui restent, il peut alors les prendre pour de vulgaires cailloux, par ignorance, et retourner sa poche pour s’en débarrasser.
Si l’un d’entre eux demeure entre les plis, cela suffit à éveiller son cœur.
Quelle générosité, quelle miséricorde…
Certains Hommes, même, passent une vie entière sans même mettre la main à la poche.
