1 : Emprise Corporation
– Ah mais que serais-je sans toi ?
Mon entreprise, mon groupe, ma corporation, …Ma vie même !
Toi qui donnes toute la prestance à mon joli costume,
Qu’adviendrait-il si tu disparaissais ?
-Regarde toi trembler ! Sans moi tu ne serais qu’un pauvre bougre
2 : Sous un costume…
qui pleurniche, demande à être, qui envoie son filet toujours plus loin, en quête de complément d’objet au verbe être ?
Tu es un pêcheur à l’identité
Toujours au dehors, tu envoies ta ligne et ne ramènes du bord que des cadavres puants, des chaussures, trouées, des bouts de ferraille.
A tes yeux, ils sont précieux et tu les nommes « réseaux », « avantages », justice »,
Et tu trembles – regarde-toi ! – à l’idée de les perdre.
Je te les montre pour ce qu’ils sont.
Regarde-moi, mes murs, mes valeurs, mes traditions, mes bâtisses, mes stratégies
3 : Ne vois-tu pas qu’elles ne sont rien ?
Qu’elles t’engloutissent dans leur néant poisseux,
Toi qui es le grand, l’espace, le vide ?
Ne vois-tu pas que c’est moi qui me nourris de toi, qui te digères et t’évacues ?
Toi et les milliers d’autres perdus de ton espèce.
Si tu ouvrais les yeux, si l’un d’entre vous voyait ma misère derrière les peintures, les codes, les langages – la misère de mes arrières salles, je ne saurais le tolérer. Je m’emparerais de cette menace et hurlerais à la face de celui qui ose l’incarner tout son insécurité, il en tremblerait tant qu’il me supplierait de l’excuser, de le reprendre, de l’aimer à nouveau.
Les autres auraient si peur de mes menaces qu’ils se resserreraient et renforceraient ainsi les parois de mes cellules, me rendant plus fort, plus conquérant que jamais…
Je te broierais en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire et tu me supplierais de te reprendre en mon sein.
Voilà, je te le dis,
ta faiblesse est ma force,
ta pleutrerie est mon carburant, le sang de mes artères.
L’entreprise est une façade,
l’emprise, mon vrai visage.
©FJ May 2024
Recueils / Participation/ Groupe De Pratique
