Enfermements Cellulaires

Le monde technologique qui émane de nos civilisations se manifeste notamment par un besoin incessant de communiquer. Le fond n’a pas d’importance pour les acteurs de ce monde.
Seule compte la frénésie d’être en communication.
En parallèle on observe aussi un besoin de se dire, de projeter une image publique de celui ou celle que nous pensons être.

Le passant passif, et peu concerné, se retrouve happé, juge et partie d’une interaction qui ne le concerne pas. C’est le tiers, réceptacle indirect d’une initiative de communication viciée. Il prend les balles perdues dans une scène de guerre banale.
Il perd son sang, et c’est son temps de vie qui s’écoule pour rien. Le destinataire initial aussi, puisqu’il devient marche-pied, faire-valoir, miroir déformant de son interlocuteur. Ce dernier cède aux sirènes du narcissisme qui trouve dans ces moyens de communication un terrain de jeu infini. Chatons sadiques les réseaux à chaque coup de patte, trimbalent nos douleurs et les égratignent un peu plus. Peut-être à force d’égratignures, leurs griffes en morcelleront le vernis de tristesse.
Et ces chatons, ces sirènes, qui les dressent? Est-ce le vide béant qui les fait surgir?

À la nécessité de véhiculer un contenu se substitue le besoin impérieux et enfantin de véhiculer un non-contenu, un néant-support pour se donner le sentiment d’exister.

Dans ces royaumes d’enfermements cellulaires, le rapport au monde précède le rapport à soi. C’est la matrice du mauvais vide. Une cage de Faraday où notre ego rebondit seul et devient fou.

Rien ne se dit parce que rien ne peut se dire.
Les mirages en miroirs
Renvoient vers d’autres mirages
Et reflets factices en surface
D’un fond qui se dérobe et résonne pourtant sourdement
Tristement seul.
Comme un coffre empli d’or
Rouille bêtement sous le sable abyssal.

NiDr

Laisser un commentaire