Le Sommeil en Otage

…Se retrouver dans un repas, devoir faire des sourires, être coincé entre des convives inconnus. Mimer la relation complice pour déguiser l’ennui….

Et les minutes qui passent….le sommeil qui ne vient pas.
Plus que 3 heures à dormir. Encore deux heures….une demi-heure, c’est long quand même..
Il faut se lever. Et je n’ai pas dormi.
Toujours pas.

…le travail qui reprend. Cette fois ci c’est le grand show, on fait plus semblant, la simulation grandeur nature.
Parler, parler, parler, sourire, expliquer, répéter, répéter, marcher vite, manger vite, conduire vite, monter dormir…

Se réveiller deux heures après. et attendre 4,3,2,1, le compte à rebours des chiffres en 8 numérique…se lever, se laver vite…
Passer la journée comme on regarde par la fenêtre du bus. Absent, entouré d’inconnus, dans l’attente de l’arrêt ou l’espoir que ça s’arrête enfin.

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Derrière l’appréhension d’un événement à venir,  se rejoue la réminiscence de la peur d’un enfant.

Pour l’enfant malmené, le quotidien est incertain, chancelant, et lorsque la sérénité s’installe, c’est toujours pour un courte durée. Sa flexibilité en couteau suisse, il s’habitue à tout.
Même à la route pleine de bosses, de nids de poules à se sceller les vertèbres, et de virages secs à assoiffer un chameau.
Il finit par s’étonner quand se passe un kilomètre sans secousse…

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Pendant que j’y pense (INCLUSION SAUVAGE!)

L’adulte en trois pièces, nourri au sein, élevé au grain, comment peut-il comprendre?
Comment peut-il même prendre la parole ou s’exprimer sur quoi que ce soit?
Quelle est la valeur d’un permis de conduire passé sur une route droite à sens unique, et fermée à la circulation pour cette occasion? 
Pourtant, tout le monde y va de son conseil de conduite. Et il faut écouter et sourire encore. Espérer qu’on nous emmène faire un tour de manège à la con.

Pourtant,il faut rêver aux mêmes voitures à filles, aux mêmes destinations que celles de ces pilotes endimanchés.Il faut aussi vouloir le lustre des notables ventripotents.
Sous peine de contravention zélée.

N’y pensons plus.
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Le sommeil reste l’otage d’un avenir qui ne manquera pas de chambouler le calme espéré.
Ce manque de visibilité, cette garantie que son avenir proche sera perturbé par une situation angoissante relève d’une forme de peur mêlée de colère.

-Peur de voir advenir cette situation qui, à nouveau nous mettra dans un inconfort intérieur plus ou moins criant, plus ou moins visible.

-Colère de l’adulte et impuissance de l’enfant.

La colère d’être à nouveau en proie à ces obligations désagréables quel qu’en soit le degré, fait écho à l’impuissance de l’enfant à modifier le cours de sa vie de telle manière que le désagrément ne se produise pas.
L’enfant est le prisonnier de son environnement familial et l’adulte est enfermé dans une chambre d’échos où résonnent les appels à la liberté de l’enfant qu’il a été.

Il faut que l’adulte apprenne à ne pas voir l’événement en aval de sa vie comme source de chamboulement potentiel. Redevenir l’enfant qu’il n’a pas pu être et apprendre la confiance, l’apaisement. Il se peut même que, lors de sa quête,  l’adulte insomniaque rencontre une paix telle qu’elle est inabordable pour l’enfant des routes américaines.

Il peut vivre cette événement en habitant la sérénité, au cœur même de l’incertitude relative. La conviction profonde, basée sur l’expérience concrète et progressive en cette possibilité d’habiter les manifestations profondément, peut libérer le sommeil.

Franck – https://www.ecouterlesilence.com/blog

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