Il est un regret dont je fais état à longueur de trajets retour ainsi que durant les plages insipides de non-voyage.
Quand je ne suis pas en Hollande, je regrette que nos contrées des Haut-de-France n’aient pas la même qualité d’infrastructures, ni une semblable bienveillance à l’égard du cycliste quotidien.
Au Pays Bas, la ville est pensée autour de celui-ci. Perçu a priori comme une plante délicate et prometteuse, l’ingénierie hollandaise a merveilleusement su construire la serre urbaine, tel un écrin protecteur autour de sa précieuse pousse.
Il est d’autant plus incompréhensible que dans nos contrées, pourtant si frontalières de cet esprit flamand, ce cycliste soit perçu comme un nuisible à l’encontre duquel il faut s’évertuer à rendre l’existence rugueuse :
Point de délicat bitume, pas de signalisation prioritaire, ni de sollicitude de la part des acteurs à moteur en nos terres.
J’envie cet accueil onctueux qui est réservé aux amis des deux roues joyeuses.
La fraîcheur innocente du cycliste est source de bonheur pour la société d’un coté du territoire, et cible exutoire à la morosité rancunière de l’autre.
Ainsi, c’est mu cet élan que seul le manque sait insuffler, que je me languis en suivant les bandes blanches qui défilent dans le coin droit de mon champ visuel, alors que je retourne vers les Pays-Bas lors un nouveau weekend.
Le cœur gonflé, je pars humer la liberté, le calme de cette douceur pastel des grands-maîtres flamands.
Une première excursion pédestre m’amène au constat suivant : les délicates senteurs florales qui parcourent l’air du printemps local n’ont malheureusement aucun effet sur mon pitoyable sens de l’orientation.
A moins de 500 mètres de ma destination, je suis immobilisé et porte sur mon visage une expression de désemparement quant aux paysages qui m’entourent.
Je suis perdu dans les forêts d’Oisterwijck.
Un pittoresque habitant m’entend maugréer alors que je partage auprès des miens la désolation qui m’anime d’être à nouveau incapable de retrouver ma route, smartphone connecté à la main.
L’ami impromptu bondit sur cette occasion qui se présente à lui de pratiquer des réminiscences de français, acquises le long de son parcours scolaire.
Un peu maladroit et brutal dans l’absence de formes, il se lance :
– Vous êtes perdu? Vous allez où?
– Ah bonjour, nous cherchons le camping…
J’en profite pour sonder plus avant l’âme locale :
-Vous allez souvent en France pour parler aussi bien français ?
(Oui, flatterie épaisse est mère naturelle de l’appréciation en retour…C’est facile, mais efficace…)
C’est alors que l’enseignement, toujours inopiné, inattendu et parfaitement à propos, tranche tel un couperet :
– En France, j’escalade beaucoup. En Hollande, pas une seule montagne, c’est vraiment dommage !
Franck

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