Maître Dogen, sur un arbre perché…
Ok. Ca va. On peut rigoler…
C’est mon blog et je fais ce que je veux.
Jon Kabat Zinn, par l’odeur alléché…
Bah non, j’ai pas fini de faire l’idiot.
J’arrêterai quand ça me plaira.
Libre à tous d’aller lire ailleurs, après tout.
Même tout seul, c’est pas bien grave, je continue.
Faut bien faire retomber un peu la pression, n’est-ce pas ?
Parce que lorsque l’on commence à parler de Dogen dans le milieu du Zen, l’ambiance s’assombrit et tout le monde se met à guetter le faux pas de celui qui prend la parole.
Faux pas que, dans tous les cas, personne n’est en mesure d’apprécier, puisque, pour être honnête trois secondes, Dogen, personne n’y comprend rien.
Donc, personne n’ose contredire celui qui parle.
Le jeu consiste donc à être le premier à parler pour avoir l’oreille, humble et disciplinée des autres.
Ce que je fais. Prems. Et bah ouais, z’avez qu’à avoir votre blog…
Dogen et Kabat Zinn.
Il n’est pas question ici de tenter, au pied de biche, de mettre sur un niveau d’égalité ces deux pratiquants que tout sépare (époques, géographie, cultures, traditions, look vestimentaire et fricotages avec la sphère médiatique).
Pourtant pourtant, une certaine fascination pour les approches iconoclastes (et la provocation gratuite ) pourrait suffire à motiver cette tentative, et quelques opérations de décontextualisation contribueraient largement à rendre cette tentative crédible.
Allons-y donc.
Prenons le Genjokoan, rédigé par buddy Doggie, en 1233.
Un peu d’étymologie sans fioritures :
-GEN= Apparaître
-JO = Accomplir
Donc GENJO = ce qui s’accomplit en se manifestant, ce qui se réalise, ce qui était latent et qui devient manifeste, ce qui s’actualise.
-KOAN = le principe premier
(moment de silence…)
Je ne suis pas spécialiste — ni même sérieusement initié — en étymologie japonaise. Je laisse simplement, et avec une grande liberté, résonner sur le papier les cordes qui vibrent par le souffle de la rencontre entre mon expérience de méditant, mes intuitions et les lectures qui échouent sur le rivage de mon regard (en l’occurrence, l’excellent, le merveilleux livre de Jacques Brosse, Polir la Lune et Labourer les Nuages, Albin Michel, Spiritualités Vivantes).
Comment ne pas penser , même si cela est pour le refouler dans un second temps après avoir essuyé tous les contre arguments d’usage, au Soi du Vedanta, lorsque nous lisons ces termes : « le principe premier (KOAN) « .
Au chapitre 12, Dogen, nommera le KOAN « Mittsu« , c’est à dire, selon Jacques Brosse dans les notes de fin d’ouvrage, « l’être secret »…
Alerte ! Alerte ! Attention au télescopage intempestif, baissez la tête !
C’est le Wherever you go, there you are, titre du livre de Jon Kabat Zinn (Mr. Mindfulness)
Je vous avais prévenu, vous voilà avec une belle bosse.
Relevons au passage la pauvreté de la traduction du titre de cet ouvrage en français: « Où tu vas, tu es ».
Nous comprenons la séduction que représente l’aspect phonétique, simple et claquant de cette version française, mais le sens d’origine est violemment amputé. L’idée maîtresse étant la suivante :
-Quel que soit l’endroit où tu te trouves, tout est à disposition, te voilà servi, rien ne te manque.
Bien sûr je ne propose ici qu’une paraphrase, n’ayant pas d’alternative lumineuse (critique facile, art difficile).
Je ne sais pas si Jon a parcouru de près l’oeuvre de Dogen, mais son titre apparaît à mes yeux du moins, comme une vulgarisation contemporaine du titre du moine nippon, le Genjokoan.
-Genjokoan = l’actualisation du point fondamental (traduction la plus répandue, je pense)
Le point fondamental, c’est le principe premier, l’être intime, l’être secret, celui que je porte en moi quel que soit l’endroit où je me trouve.
Le titre de JKZ est une version contemporaine, plus polie, moins technique, plus ‘laïque’ que la traduction usuelle de Genjokoan.
Genjokoan, le trait d’union entre la vie et la Vie.
Entre le quotidien et le spirituel.
America First, donc mot de la fin pour Jon :
Wherever you go, there you are.
Franck
Suite : Variation en écho, La vie – La Vie
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