Zazen est le vent de l’ouest venu chasser les feuilles qu’apporte le vent du nord.
Celles-ci s’amoncellent en tas pourrissant devant notre porte d’entrée.
Sans Bodhidharma, sans le vent nouveau, il nous est de plus en plus difficile de l’ouvrir pour aller rencontrer le monde.
Un « gimmick » dans l’histoire du zen consiste à demander pourquoi Bodhidharma, l’enseignant venu de l’Inde (Ouest) a quitté ces terres d’usages pour venir implanter la pratique en Chine (Est) qui prendra, entre autres le nom de Ch’an, puis de Zen au Japon.
Comme souvent dans ce type de question, l’angle de résolution est le fruit d’un pivotement inattendu, assez minime donnant pourtant un relief tout autre au ‘dispositif koanique’.
Les lignes suivantes, laissent apparaître une telle perspective de renouveau, naît de l’analogie entre la méditation et les pensées accumulées, inhibitrice d’une part et le vent d’ouest et les feuilles mortes, d’autre part.
Plus qu’une personne historique – et sans nier pour autant la véracité de son existence – Bodhidharma, l’homme qui, nous dit-on, s’arrachait les paupières pour s’assurer que le sommeil ne le gagne pas dans sa méditation ininterrompue de 9 années (…) est un monument intérieur, un mouvement, un souffle aimant et puissant qui nous traverse et nous renouvelle à chaque instant.
Il est la réponse silencieuse à la sempiternelle question consistant à de demander pourquoi il est venu de l’ouest.
Franck Joseph
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