Infusion / Dilution : les Mondes d’Émotions

L’émotion vient. Elle n’est pas seule.
Elle porte un monde et l’engendre en nous, de l’intérieur.

Une modalité d’expérience, un filtre qu’elle surimpose à la continuité de l’existence.
Le coup de l’émotion, bien qu’étant ce qui nous marque et semble parfois nous achever, n’est en réalité qu’introductif.

Implanté dans le sternum, il y déroule ensuite cette progéniture insidieuse, volutes de thé se diffusant dans les liquides de nos humeurs. C’est cela, la vrai puissance de destruction de l’émotion.

Le monde par delà ces filtres émotionnels ne cesse pas d’exister.
Entre deux injections, il est possible de le guetter et d’y prendre racine, à nouveau ou d ‘y naître pour la première fois.

Planter sa flèche entre deux nuages,
Planter sa flèche dans le cœur même du nuage


L’aspect le plus déroutant de cette non pratique à mes yeux, encore aujourd’hui, et peut être davantage qu’alors, est de constater le rembobinage total, jusqu’à annulation des engrenages de ces productions, de l’émotion dès lors que cette vision interstitielle a pu opérer.

Lorsqu’il émerge à mes yeux, à mon cœur, au moment où il me semble pénétrer au plus près de l’articulation entre la vacuité et les phénomènes, je peux toucher en mon être l’infinitude et voir s’évaporer ce qui quelques secondes plus tôt me paraissait frappé du sceau de la densité tangible et installée.

Celle-ci n’a pas de réalité autre que celle que je lui donne.

Aussi puissantes soient ses manipulations, elle souffle et gonfle la voile du navire sur lequel elle se trouve. Elle n’est pourtant ni le navire, ni le vent.

 ©FJ Sept 2019

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