A cet instant, il ressentit une impérieuse urgence de pratique.
En empereur visionnaire, il fit taire chacun des membres présents à l’assemblée des besoins et imposa sa posture. Ici, maintenant, il fallait pratiquer.
Non pas chanter, ni écrire, ou encore parler, rencontrer, marcher…Il lui aurait été furieusement inutile de chercher à nourrir son quotidien.
Seule une radicale attraction de pratique dévorait toutes les éphémères apparitions dans son spectre de conscience.
De cette session dictatoriale naîtrait une nouvelle constitution intérieure ou chaque représentant pourrait retrouver sa digne place et s’exprimer à souhait. Cette pratique n’en était d’ailleurs pas une à ce jour.
Plus qu’un appétit vorace, elle montait en lui comme un cri de survie lancé depuis le milieu d’une jungle en feu par un aventurier perdu.
Un cri qui déchire la nuit de sa présence. Une dernière fois, une fois encore, il appelle au rebord de sa voix, il prend appui profondément dans le réel.
Son cri est une assise, un bouffée d’air salvatrice, instinctive après la traversée en apnée du nuage de fumée.
Il n’y a aucune gloire à s’éveiller.
Comme il n’y a aucun courage à naître, d’ailleurs.
Quand Siddhartha s’assoit, et refuse de se lever tant qu’il n’a pas trouvé l’éveil, ce sont les muscles utérins qui l’expulse de l’obscurité de sa jungle intérieure.
Il ne pouvait pas ne pas la quitter.
Franck Joseph
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