Preuve par l’exemple que les choses ne sont jamais arrêtées sur ce qu’elles semblent être à un moment donné :
Voila que je me réconcilie avec un terme qui m’a longtemps posé problème : je réalise aujourd’hui que c’est n’est pas tant le terme qui recèle ces aspects irritants que les contextes sans lesquels il lui est arrivé d’être deployé — voire les configurations psychologiques inhérentes aux acteurs du langage ayant contribué à en faire un mot consensuel et éculé.
La bienveillance :
C’est une fois encore le détour linguistique qui participe au jaillissement sous mon regard des richesses contenues dans ce nom si commun.
La bienveillance, on l’oublie aisément ou on croit le savoir, consiste à veiller au bien.
Il s’agit de porter dans son viseur la valeur du bien, d’en faire la fin ultime de notre relation. Voilà donc que ce terme se revêt de l’accent d’un éthique kantienne.
L’être avec lequel j’interagis est en soi une fin, son bien m’importe réellement, je ne saurais donc le réduire au moyen qu’il pourrait représenter dans le cadre d’une stratégie personnelle.
Le bien, avant tout.
Ensuite, la bienveillance donne à celui qui la pratique le rôle de veilleur de bien. Cela me rappelle que le bien est toujours présent dans un être, dans une réalité et que si cela m’échappe, c’est que je me suis assoupi devant cette vérité.
Je n’ai pas su le veiller.
Cette responsabilité exige un entretien, une pratique de la veille, elle nous invite –pour le bien de tous — à la vigilance.
Ici, par le truchement de cette courte réflexion sur le terme, nous mettons un pied dans la pratique de la conscience:
Autour de moi et en moi, suis-je en capacité de veiller au bien, de fixer mon oreille par delà mes ritournelles automatiques ?
La bienveillance, avant d’être ce terme utilisé :
-avec niaiserie par les chantres du new-age fatigué(s),
-voire avec certain cynisme, lorsqu’un interlocuteur brandit la bienveillance pour se dédouaner de la manipulation stratégique qu’il déroule en arrière fond,
-ou encore avec un orgueil drapé d’humilité des bons principes lorsqu’un interlocuteur s’en empare pour se hisser au rang de berger en responsabilité du troupeau,
La bienveillance est une pratique de simplicité et un chemin d’éveil.
Franck Joseph
© FJ December 2019
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» Cela me rappelle que le bien est toujours présent dans un être, dans une réalité et que si cela m’échappe, c’est que je me suis assoupi devant cette vérité.
Je n’ai pas su le veiller. » C’est tellement juste… et difficile quand on fait face à certains êtres ! Très jolies analyses en profondeur des sens de ce mot et de sa poésie, merci !
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