L’aventure humaine est celle de la rencontre de l’autre dans son autreté.
A chaque fois que je refuse cette rencontre en arguant de incompatibilité entre mon modèle de compréhension du monde et celui de l’autre, je cesse l’aventure humaine.
Dès que, ce faisant, je fais preuve d’un espace d’accueil défini, c’est à dire non infini, je pénètre une dimension parallèle où le jeu de la vie ne se joue plus.
Sur le bord du fleuve, je pense ainsi rester une existence ou plusieurs, arc-bouté sur mes principes, clamant la supériorité de mes vues sur les autres .
Je passe ainsi mon tour au grand jeu de la vie.
Les autres y jouent sans moi. Quand, pris de remords suite à la compréhension des règles du jeu (dont la plus importante est celle ci : il faut jouer), je me saisirais à nouveau des cartes et/ ou des dés, il est probable que mes partenaires de jeu –_ conjoints, amis, enfants…— aient quitté la table pour d’autres activités. Saurais-je alors les retrouver ?
Ce que nous prenons pour l’affirmation de notre personnalité (notre assertivité) est bien souvent expression d’une étroitesse en notre cœur. Il faut de rappeler de-cultiver l’espace chaque fois que nous le pouvons.
En s’y refusant, par amour propre, c’est notre vie que nous nous empêchons de vivre.
Cet espace d’accueil se cultive jusque dans les moindres recoins de nos quotidiens.
Il est la matière de nos quotidiens. Chaque interaction est une occasion.
La solitude n’éloigne pas ces opportunités pour autant puisque chaque objet que je touche m’appelle à la connaissance de ce qui est.
Ces interactions avec l’apparemment inerte m’enseignent aussi la douceur, l’écoute et le respect.
Chaque porte, chaque tasse, chaque pas me place devant cette possibilité de refuser, d’éloigner ou d’accepter et d’embrasser.
Franck Joseph