Dans le Bouddhisme, le concept le plus sujet à une mauvaise compréhension est celui de la vacuité.
“La réalité n’est pas. Ce que nous voyons n’existe pas.”
Voilà ce qui fait souvent passer les disciples du Bouddha pour des nihilistes et répand la croyance selon laquelle ma première syllabe est bien la seule chose qu’ont en commun Bouddhistes et bout-en-trains.
“La réalité n’est pas”.
Considérons cette affirmation sous l’éclairage qu’en offre Deshimaru à l’occasion de son commentaire du Shodoka (article lien) et faisons tourner cette phrase entre nos doigts :
“Le réel n’est pas”
“Le réel n’est pas plus ceci que celà”
“Notre Karma façonne notre rapport au réel et le rendra à nos yeux plutôt comme ceci que comme celà”.
L’ensemble de nos habitudes d’action, de paroles, de pensées developpe l’architecture de notre édifice.
Comme le batiment posé en capsule, l’espace en ses murs, notre édifice karmique capture l’espace “vide” du réel.
L’air, la terre autour desquels se construit la maison de M. Joseph ne devient pas en réalité un air josephien ou une terre josephienne. Pourtannt, je dis “ma “maison, “ma terre….
Lorsque la maison de mon corps tombera en poussière dans quelques dizaines d’années,
L’air et la terre ne redeviendront pas air et terre, mais seront ce qu’ils ont toujours été.
Une perspective pratique pourrait faire porter au réel un regard circonspect sur ce que nous en faisons, mais il s’agirait là du même biais de perception – précisément la source du problème : une acte de perception, une vision du monde dessinée par les particulartés karmiques de mon être.
Dans la bouche d’Hamlet, Shakespeare, pour qui le Bouddhisme était autant une réalité que la gestion des eaux usées en Angleterre du XVIè siècle en est une pour l’homme des chasses d’eau, disait en son temps : “Nothing is good or bad in itself, but thinking makes it so”.
[Il n’y a aucune chose qui ne soit bonne ou mauvaise en soi, c’est l’action de la pensée qui colore ainsi la chose]
Voilà déjà une sacré fissure dans les fondations de notre bâtiment.
Le Zen ajoute à cela quelques déplacements tectoniques et précipite l’effondrement en nous proposant aux lèvres, avec un sourire joueur les éléments suivants :
“L’air et l’espace n’ont pas de réalité. Il ne sont pas plus ceci que cela.”
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