Il ne s’agit pas ici de critiquer l’engagement mais d’évoquer un versant des possibles et d’inviter à se questionner s’il nous arrive de l’emprunter dans l’une ou l’autre de nos modalités d’existences.
Premièrement, la mobilisation politique ou militante est parfois davantage une stratégie de survie psychologique qu’un positionnement en soi.
L’individu qui se mobilise de la sorte est pourtant complètement sincère lorsqu’il parle de son engagement. Ce qui est à l’oeuvre et s’enclenche en lui est pourtant bien un circuit de survie.
Un cheval qui passe et que l’on enfourche, une modalité d’exister qui se convoque et dont on se revêt, histoire d’exister, aux yeux des autres et à notre propre regard.
Elle prend la place d’un déficit d’expérience profonde.
Celui qui marche sur la Voie est moins susceptible de se laisser happer par ces violents courants du militantisme.
Bien que dans les dires de ceux qui se mobilisent ainsi, il en va d’une défense de valeurs fondatrices, l’observation révèle tout ce qu’elles peuvent contenir de surfaciel.
Serait-ce un phénomène d’alibi d’existence dont on se saisit et autour duquel nous venons agglomérer nos ingrédients identitaires (constructions sociales, langage, code vestimentaire, kit argumentaire, comportemental, menu d’aspirations) ?
Ceci ne revient pas à dire que le bodhisattva (pratiquant de la Voie) n’a pas de penchant pour tel ou tel positionnement et se situe toujours dans une neutralité totale.
Ce n’est pas le cas.
“Simplement”, il n’est plus dupe des mécanismes d’affirmation à l’oeuvre dans ces processus ni de leurs conséquences douloureuses : elles éloignent celui qui s’y cranponne des strates de conscience plus proches de l’être.
Depuis celle-ci, notre action n’est plus gesticulation : elle est précise, légère, sereine, utile.
L’épaisseur de surface se trouve juste en dessous des couches de langage.
Elles en sont possiblement le carburant.
En cessant d’investir ces lieux où viennent bouillonner les flux d’identifications, il est normal que le besoin de prendre part aux conversations se tarisse.
Alors l’observation des autres cherchant par tous moyens à se positionner, se fait plus fine, plus aigüe.
Par la pratique, par la grâce, nous pouvons plus calmement, plus solidement offrir notre disponibilité silencieuse à leur souffrance.
De l’intérieur, nous la connaissons.
L’angoisse qui s’aggripe, par nos positionnements, comme on se parle avec des mots : la présence du boddhisattva, sa simple présence, invite à l’investigation des strates de l’être.
Depuis leurs lieux de conscience, tout n’a de cesse de se détruire ou de disparaître.
A peine un concept naît-il qu’il se met à trembler, car, déjà, un autre le chasse.
Sans l’éclairage naturel qui traverse le bodhisattva, comment pourraient ils ne pas souffrir ?
Cet être lumineux peut être physique bien sûr, mais peut aussi rayonner dans une page fortuite, dans un agencement éclair du réel, dans un silence inattendu.
– ©FJ August 2022
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Je suis une militante du non-militantisme
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Ah…je ne sais pas si ca résoud le problème…mais pareil pour moi
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Je suis retranché en mon destrier de gueules et je fonce face à l’adversité dépourvu de chignole à m’exciter.
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Ah oui…aussi.
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