Quelle que soit la tradition, vient toujours le moment où le pèlerin doit se focaliser sur ses processus psychiques et opérer la prise de contact….
Qui est en réalité une prise de distance.
Il est nécessaire de prendre ses distances pour entrer en contact – réaliser – la teneur, la puissance, illusoire de ces processus.
Certaines traditions orientales tendent à en faire la porte d’entrée dans la Pratique, conscientes qu’il n’est pas de possibilité de percevoir les choses telles qu’elles sont sans avoir au préalable été mis en situation d’appréhension de ce qui en déforme la vision.
Pour les traditions monothéistes, il n’en va pas différemment. Simplement cette demande d’éclaircissement est portée par l’expérience d’un élan du cœur.
Le croyant a l’avant-goût du réel, ce qui en plus de le combler de joie participe à la pédagogie d’ensemble de sa pratique.
Alors qu’il progresse le long de l’axe d’intériorisation des éléments de sa tradition (au sens à la fois d’intégration et d’universalisation), il vient à considérer le moment d’ôter les filtres perceptifs inhérents à ses fonctionnements personnels, antérieurs ou instaurés par voie exogène (éducation, traditions exotériques, habitudes culturelles, mécanismes personnels compensatoires…)
Le courage de ce dernier est alors souligné lorsqu’il voit s’éloigner ce qu’il croyait être les êtres peuplant son paysage, avec le filtre sur lequel ils étaient collés.
Le méditant, confronté d’emblée à ce travail d’observation de prise de conscience risque de tenir pour acquis une telle réalisation et de laisser s’accumuler le processus sur la lunette de son télescope intérieur.
Ayant gagné le crédit de méditant et se leurrant lui-même, pensant avoir acquis ses médailles du discernement, il s’éloigne totalement du cœur de la vérité, assis sur un crédit artificiel ou pire, assis sur le crédit d’un autre, plus ancien dans sa tradition et dont il enfile les habits à la hâte.
Parfois dans une sincère ignorance.
Notes & Silence 