Mon garçon de 8 ans, accélère son pas pour rejoindre le rythme du mien
Cet après midi-là, en fait, mes pieds s’activent, demandent à marcher.
Mon esprit n’est pas là pour les discussions constatatives ou les remplissages sonores convenus.
Non. Il me réclame un travail. Lui et mon corps veulent s’atteler à quelque cheval prometteur mythique, un pégase musclé qui saura les amener au-delà des croûtes illusoires de ce monde.
L’être tout entier s’agite et demande à se révéler.
Adam me demande alors :
-De quoi veux-tu que l’on parle ?
Absolument non disposé à donner alors dans les enfantillages, je lui réponds sans filtre, sans tampon :
-Parlons de ce qui est vraiment important pour moi,
Pas du blabla, oK ?
-OK
La question essentielle que rumine mon corps esprit de méditant, du koan de mon temps, la vie qui demande à se résoudre sans y parvenir :
D’un côté, les grands silence du Zen, l’immanence qui éclate les vernis de la vie et plonge le disciple dans un océan de beauté.
Dans tout cela, lorsque je tente de faire intervenir les concepts de Dieu, je ne vois pas de compatibilité : telle une pièce de puzzle issue d’une autre boîte.
D’un autre côté, la transcendance magnifique, celle que secrètement j’envie lorsqu’ elle brûle dans les yeux de mes amis chrétiens et musulmans.
Dieu, celui qui « souffle où il veut », celui en qui l’on s’abandonne totalement, le Permanent.
Ce sont là deux polarités de ma pratique et je ne parviens pas toujours à les résoudre. Pourtant, l’une et l’autre son appelées à être résolues, je m’en souviens.
Je n’attendais pas de réponse de cet enfant de 8 ans. Je lui livre le contenu de ce koan, pensant qu’il pourra toujours en retenir quelque chose et n’essaiera pas de me parler en retour de choses triviales dans un tel contexte
.
A peine ai-je le temps de finir cet étalage de mon questionnement intérieur qu’il me répond, le plus spontanément du monde, et avec une assurance désarmante :
-Il n’y a pas de problème.
Il n’y a rien de difficile là dedans puisque Dieu et ta conscience, c’est la même chose.
