Pourvu Qu’elle soit Douce

Colorant du temps qui passe.
Opportunité fluide,
Miroir des mondes interieurs,
Atlas du chaos
,

La musique dans mes oreilles est le banc sur lequel je m’arrête pour regarder passer les gens.

Elle est l’occasion de ne plus faire partie du flux idiot, de m’accrocher à la branche que me tend l’arbre de la berge, de ressentir la caresse de l’eau contre mon flanc.

Plongé dans la rivière, il est aisé de passer une vie sans connaître la sensation de l’eau.

La musique, par sa capacité à constituer un support au monde expérimenté, permet la scenarisation de l’être-au-monde et fait de l’auditeur un spectateur qui ne s’ignore plus. 

Pleinement conscient que ce qu’il voit n’est peut-être pas si tangible et inflexible que ce qu’il pensait.

Instrument de relativisation massive, à mettre entre toutes les mains des acteurs trop investis dans leurs drames personnels, leurs plans de carrière, leurs avis sur tout…qui ont tendance à surjouer leur quotidien…. pourvu qu’elle soit douce.

Lente, elle s’exprime sur les fréquences de notre nature profonde et permet, onde après onde, de l’habiter toujours un peu plus longtemps, de la récolter en continu.

Instrumentale, elle passe en deçà des concepts et de leurs carcans de syntaxe; elle emplit et déborde les voies pré-tracées du langage. En un instant, elle recoud les fragments que le sabre lingual, sans vergogne, a isolés du monde. Tout ce qu’il découpe, sépare, catégorise, se voit unit en un patchwork homogène.

Je me surprends à penser que la violence et la vulgarité l’envahissent et aiguisent alors en pointes acerbee les contours de nos vies. 

Bruits de l’inconscience récoltés par les sourds.

Franck

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