Une guitare posée, sans humain pour la jouer.
Quelques cordes espacées
Pour que l’air s’y prélasse
Avec légèreté, en respectant les cordes.
L’air connaît tous les sons puisqu’ils l’empruntent tous.
Il sait comme il est beau, il sait comme il est grand.
Et n’a nul besoin de se l’entendre dire.
Vivante pourtant, la guitare s’assouplit à chaque degré franchi.
Subtile adaptation, discrète efficacité.
De distraites oreilles auront vite fait de forcer
Sur les mécanismes souples, patients à l’ignorance.
Morte à toute attente, elle s’extrait des projets,
Et regarde les hommes qui parlent et parlent encore
Remplissent des carnets et des salles de concert,
Comme s’il y existait vraiment quelque chose…
Qui puisse se dire, qui reste à échanger.
Quelque chose de plus parlant,
Quelque chose de plus grand,
Que le silence inqualifiable
D’une guitare verticale,
Dressée en doux lotus.
Elle médite pour nous,
Instruments de passage.
Depuis le fond de la sombre rosace,
Où le tempo s’engloutit
Où les chants se reposent.
Elle nous voit sans regarder
Le temps que l’on apprenne
A entendre sans écouter.
Franck
