Le problème avec les thématiques du new age, ce n’est pas tant de savoir si leur contenu est réel ou erroné…
Mais le fait qu’elles soient strictement, tristement, péniblement périphériques.
Ce qui, par ailleurs, n’empêche pas leurs adeptes de considérer ce type de décorum comme central et de nous les infliger à longueur de recettes et d’interprétations symboliques ou animistes farfelues..
L’ensemble des adhérents jouit d’un potentiel d’identification très puissant à leur syndicat de croyance.
Le propre de cette dynamique d’identification est la tendance toujours croissante à l’acquisition. Cela s’observe aussi bien au niveau matériel que conceptuel.
C’est ainsi qu’ils acquièrent tentures, vêtements aux couleurs de leur école de croyance, mais également bibelots plus ou moins investis des projections de leur vendeurs et/ou détenteurs. C’est ici qu’intervient la dimension magique de ces pratiques, que l’on appelle par un abus de langage fréquent « ésotérique »…
De même, ils multiplient les concepts et références collectés au gré des lectures, forums, salons, rassemblements, sites internet et conférences : un nouvel auteur, une nouvelle technique (thérapeutique), une nouvelle substance…
A cet endroit se trouve ce qui différencie ces cadres référentiels new age de tout ce qui pourrait s’apparenter à une quelconque pratique spirituelle: l’acquisition.
Précisément la direction contraire à la direction spirituelle qui suit, toujours et partout, un axe de simplification.
L’acquisition dont nous parlons est en elle même l’expression de ce qui maintient les pratiquants new age aussi éloignés d’une pratique spirituelle (c’est sûrement cet aspect-là qu’ils peineront le plus à reconnaître, car ils qualifient abondamment de « spirituelle » cette manière qu’ils ont de se percevoir.)
Ils tournent ainsi au sein de la boule new age d’attrait en attrait, avec l’impression qu’au fur et à mesure de leurs pérégrinations, ils élargissent leur escarcelle de savoirs et/ou de savoir-faire.
En réalité, c’est leur temps qu’ils perdent. Ils courent aussi le risque d’un syndrome dépressif, totalement vidés de leur énergie une fois la tournée suffisamment achevée pour en percevoir la futilité.
Pour beaucoup de ‘croyants’, il s’agissait dans cette démarche d’un échappatoire à l’ensemble des frustrations et désillusions que la vie s’est obstinée à leur opposer.
Ils perçoivent enfin que leur océan pseudo-spirituel est un continent d’assèchement.
Même s’il est possible que certains en ressortent avec une soif plus grande pour la connaissance de soi, la majorité se trouvera confrontée à une immense fatigue envers le monde.
Derrière ce réflexe de possession, nous voyons poindre l’angoisse.
C’est ce qui rend le diagnostic si délicat. D’un coté, les tenants de ces écoles arguent de la nécessite de lâcher prise, et d’un autre, ils arborent des réflexes manifestement consuméristes.
La séduction que les aficionados ressentent à l’égard du new age vient de l’illusion de prise sur le réel que les différents outils proposent. Tarot, charmes, concoctions, récitations, feng shui, thérapies diverses, lectures émotionnelle simpliste… autant de champs qui permettent, pour une certaine période de croire qu’effectivement, nous pouvons modeler le monde autour de nos frustrations, le rendre moins hostile à notre encontre.
Une deuxième couche de difficulté d’appréciation de ce courant — c’est également ce qui peut le rendre si attrayant– c’est qu’il se drape dans ce qu’il ne reflète finalement pas.
L’atmosphère générale est indianisante, les couleurs sont exotiques, asiatiques, sud américaines, chamanisante, japonisante…Autant de destinations où existe une solide tradition spirituelle.
En s’appuyant sur ces traditions dont ils empruntent largement — et souvent de bonne foi, notons le! — le vocabulaire (ce qui concourt à rendre leur discours encore plus confus), ils distillent un contenu innocemment trompeur qui laisse l’auditeur croire qu’il pénètre ainsi lesdites traditions quand, au mieux, il les effleurent.
Au pire, il s’y perdra et perdra ces co-pratiquants et interlocuteurs.
Fort heureusement, il n’est pas judicieux de nier totalement l’intérêt de ces cercles ni de les accuser de tel ou tel travers, d’autant plus que les cas de manipulations intentionnelles, même s’ils sont réels, ne sont pas la norme. Le plus souvent, il s’agit de tristesses accumulées qui macèrent et s’entretiennent collectivement, maladroitement.
Il existe des cas où ces approches de sauvetage peuvent participer à un rôle introductif, qui conduira l’auditeur à creuser plus avant la spiritualité effleurée puis à laisser tomber ce kit de flottaison encombrant que représentent les bouées bariolées du new age.
Franck
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Le Thérapeutologue.
Oui, c’est essentiellement le direction qui est très différente…et l’appât du gain. Quand tu vois les tarifs proposés pour les stages de ceci cela, tu te dis que l’on est bien loin d’une vraie recherche spirituelle ! Ceci dit, je pense que c’est une première approche, c’est là que le monde en est aujourd’hui et c’est peut-être la passerelle nécessaire pour avancer vers autre chose. Il y a 20 ans, il suffisait d’évoquer juste le « lâcher prise » et tu étais dans la case » secte « …Aujourd’hui, c’est l’explosion et la confusion mais il y a un début d’acceptation et l’intériorisation et la recherche personnelle avance. C’est déjà ça ! Mais je suis d’accord sur l’essentiel, le « kit de flottaison « , j’aime bien l’image…
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