La question n’est pas de connaître ce qui est, mais de cesser d’appréhender ce qui n’est pas.
Rien à faire. Arrêter de faire.
Tout cela, bien sûr, sans jamais faire ne pas faire.
Compliqué ?
Quand même….N’étant pas convaincu que ceci mérite que l’on en discute, encore moins que l’on feigne d’en discuter pour les besoins narratifs de cette publication, je m’adonne ici volontairement au radotage d’ornement.
Ne pas faire ne pas faire.
Reformulons : [NE PAS FAIRE (ne pas faire)],
Sans pour autant en faire une formule, un menu, tout un plat.
Oublions tout et regardons.
Ne pas chercher le calme, c’est s’adonner aux troubles
Chercher le calme, c’est s’attacher à un objectif, puis vouloir le reproduire, puis être frustré, puis ne plus être calme.
Peut-on alors simplement être ?
S’observer ne pas être calme.
Respirer sans pourquoi.
Cela signifie qu’il n’y a rien à aller chercher de vrai au dehors, qu’il faut cesser d’alimenter nos réflexes consistant à saisir ce qui n’est pas.
En cessant de chercher à saisir (comprendre, s’approprier) ce qui n’est pas, émerge spontanément ce qui est.
C’est la beauté du mouvement, il ne s’agit pas d’une double démarche d’épuration du marasme permettant dans un deuxième temps de partir en quête du vrai.
Le vrai apparaît quand le marasme cesse.
C’est la fameuse image du verre d’eau boueuse.
Classiquement, elle se brandit lorsqu’il s’agit de représenter de façon pédagogique les effets de la pratique (samatha) sur l’esprit.
A mesure qu’il se laisse imprégner de tranquillité, cet esprit apparaît dans sa nature.
L’eau ne devient pas claire après que la boue se soit déposée. On pourrait ainsi dire que l’eau est déjà claire lorsqu’elle est boueuse.
Simplement — ?? — cette clarté est plus ou moins sévèrement obstruée par la boue du mental.
Arrêtons d’agiter l’eau, et dans le même temps, d’un seul mouvement, la boue se dépose et l’eau s’éclaircit.
Elle apparaît alors comme ce qu’elle est-était-sera : de l’eau claire.
Cette image est très parlante, et son potentiel didactique est puissant.
A titre personnel, j’aurais tendance à suggérer que l’on retourne le verre une fois la boue sédimentée.
En effet, les perturbations viennent du mental (là-haut) et, même si elles sont alimentées par divers processus provenant de tout le corps, c’est bien au sein de la boîte crânienne qu’elle sont le plus prégnantes (pensées tourbillons, scénarisations du futur, relectures du passé…)
Dans la pratique, la clarté vient du bas, du bas-ventre, du hara, puis de la poitrine, comme un centre secondaire. Dans cette approche pragmatique, empirique, du recueillement, la clarté irradie depuis le bas. La boue, pour sa part, tombe au fond.
Je conçois qu’il est difficilement envisageable de retourner le verre de boue. Pour des raisons gravitationnelles que tout le monde saisira, la démonstration physique devient alors beaucoup moins « pratique ».
Ainsi, pour les raisons de la cause, mieux vaut laisser le verre de boue debout.
Franck Joseph
PS: à l’utile nul n’est tenu.
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