Matthieu, jambes croisées, séance de 22 heures.
Les yeux partout à la fois, comme un animal surveillant plusieurs assaillants simultanément.
Soudain, l’animal s’extrait du buisson devant la clairière pour réaliser qu’il n’est en fait pas l’animal traqué mais simple spectateur de la scène de chasse.
Et que l’issue de ce scénario ne le concerne finalement pas…
Comment Matthieu a t il pu opérer ce zoom arrière simplement en se focalisant un certain temps sur sa respiration ?
Cette entrée, cette sortie d’air, ce flux dont on note le passage à fleur de narine, apparait comme semblable à la poussière dans une salle de cinéma.
C’est en orientant l’attention sur la poussière et ses oscillations multiformes qu’est rendu visible le tunnel de lumière qui plaque les images à l’écran et qu’apparait à la conscience du spectateur en tant que spectateur.
Le film, alors, aussi émouvant ou effrayant qu’il pouvait sembler, est un film projeté que le spectateur regarde. A partir de cette observation, la vie du spectateur prend un sens indépendamment de la salle de cinéma, et du film projeté.
Il devient un spectateur libre de visionner, de manger ou de simplement partir.
22h10, les jambes décroisées, Matthieu se lève.
Franck Joseph
©FJ Nov 2018
Les articles et méditations sont disponibles en version papier ici : RECUEILS
Mais la fiction ne s’arrete pas là. A un moment l’observateur s’evanouit.
Que reste-t-il?
Merci pour ces merveilleux éclats de présence…
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