Mélissa avait toujours trouvé ça un peu stupide, de prier un saint, connu pour avoir telle ou telle aptitude particulière dans tel ou tel domaine de notre vie quotidienne.
Il n’en fut pas autrement lorsque, après s’être confiée à un proche relativement à une difficulté qu’elle rencontrait alors dans sa vie professionnelle, elle s’était vue proposer, comme solution facile au résultat garanti un :
-« Je vais prier Saint X pour toi, et tout ira mieux ».
Suite à cet outil dégainé, elle se leva, fit mine de remercier en remarquant très bien que les traits de son visage s’étaient figés en une expression dubitative qu’elle n’était parvenue à réprimer.
Prier ce saint pour ceci, et celui-là pour cela…
Une solution bouton-pressoir. Une des longues ficelles qui pendent du ciel, qu’il lui suffirait de tirer, comme on sonne la clochette pour faire venir le personnel d’accueil.
Aux yeux de Mélissa à cet instant, l’infantilisme et l’affliction se disputaient les places au premier rang.
Quelques jours plus tard, à la faveur d’une marche urbaine, au cours de laquelle son souffle avait su se calquer sur la lenteur de ses pas, puis réciproquement, jusqu’à accomplir un perpétuel renouveau de douceur, il lui apparut ceci :
L’invocation d’un saint, une fois épluchée de son ornement culturel, et religieux, n’était rien d’autre que l’émission d’une certaine forme de souhait, par laquelle l’émetteur entrait en résonance avec une potentialité latente aux harmoniques correspondantes.
Un accordage entre soi(s), en quelque sorte.
Ce que l’on cherche en soi, serait-ce par un détour dualiste, une projection extra-égotique, se manifeste d’une manière ou d’une autre.
Ce phénomène vient ensuite se parer des couleurs locales traditionnelles.
C’est ainsi, au delà de nous mêmes, par les réseaux d’interdépendances que l’on met le monde en mouvement.
Franck Joseph
Notes & Silence 