Par un alignement inattendu, il parvint soudain à traverser le nuage de mots.
Cela signifie qu’ils ne sont plus d’aucun intérêt : le méditant a perdu toute nécessité d’usage des récepteurs…les mots passent mais n’accrochent plus.
Même la quête esthétique a cessé d’être un enjeu. Plutôt que de chercher les richesses d’expression, il ouvre les mains et les laisse tomber au sol.
C’est une adaptation supra volitionnelle, une évolution adaptative, comme on perd en pilosité en parallèle de l’utilisation des vêtements.
L’auriculaire raccourcit et les dents de sagesse disparaissent.
Au delà d’un certain seuil de pratique, qu’il serait simpliste de quantifier en nombre d’heures passées sur le coussin, les vocables fondent.
Par la pratique, le méditant perd ses propriétés de perméabilité aux mots.
Il rejoint alors la communauté des sans-mots.
Qu’est ce alors qu’un autre sans-mots ? Qu’est-ce qu’un être humain sans mots ?
Ce n’est pas moins qu’un être humain. C’est peut-être le véritable humain augmenté…
Celui que l’on cherche ailleurs.
Si d’aventure, un tel humain repassait au travers du nuage de mots, de quoi parlerait-il ?
Il en jouerait comme l’enfant bat des mains en riant, comme le musicien caresse les cordes de sa guitare dans un coin du paysage, sans que l’on y prête attention.
Franck Joseph
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illusions et outils de l’illusion, outils tout court aussi ; mais… au fond… quelle différence entre les mots du dictionnaire et les montagnes-couleurs ?
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