Contre le délitement psychique d’une nuit éveillée, la lecture est un facteur de recentrage.
Le point d’entrée dans la fournaise bouillonnante est alors déterminant
car, bien qu’il puisse s’agir d’une situation d’urgence, la grande vulnérabilité garantit une perméabilité accrue de notre esprit en proie à l’entropie.
Au propos que l’on y dépose, il faut alors être particulièrement vigilant.
Et puisque ces heures noires sont peu propices aux choix en conscience, il faut prêter gare aux livres qui reposent le jour près de nos oreillers, car, en ces heures nocturnes où nous les réveillons, il est déjà bien trop tard.
Il ne s’agit pas de lire n’importe quoi.
Leurre consenti, ce léger mouvement des yeux à travers les linéaires de papier permet aux agents stabilisateurs de l’esprit une sédimentation rapide. Les mots viennent combler les béances laissées par les bulles dilatées.
C’est dans ces conditions que le travail s’intensifie.
Quand le texte magique agrippe les rugosités climatiques des surfaces de notre âme et stabilise nos amas tempétueux.
Auparavant poisseuse, la voici de nouveau poreuse aux mots d’un autre.
Asséchée, pourtant, toutes les pluies ne se valent pas.
Assoiffée, la terre saura chérir les perles de sagesse
Et les conduire de crevasse en abîme,
Jusqu’à l’antre de repos.
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Franck Joseph
©FJ June 2019
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