Comme souvent, ne voyez pas ici de plaisir sadique à retourner la pointe du stylo dans la plaie.
Comme souvent, l’auteur est le premier destinataire de ses mots.
Messieurs,
Alignés sur la photo,
En étages agencés,
Depuis les marches de vos clichés de classes
Rien n’a vraiment changé.
Seules vos pauses sacrilèges ajoutent
A l’infantilisme de la démarche,
Le pathétique.
Pensez-vous vraiment que confronté au ridicule de vos postures ainsi figées,
Il puisse se trouver un amateur suffisamment crédule et éloigné
De toute pratique sincère pour croire qu’il s’agit là d’une marque d’avancement quelconque ?
Ici encore, vous cherchez la tape sur l’épaule.
Rien n’a vraiment changé.
Comme il faut que vous ayez été tristes, seuls et ostracisés
Pour penser compenser dans ces tenues convenues,
Les années de dérives sociales et solitaires.
Le petit oiseau est sorti depuis longtemps.
Ne l’attendez plus ainsi.
Il s’est envolé d’ennui.
L’universitaire compétent et reconnu par ses paires,
l’enseignant admiré par ses étudiants, et convaincu de l’utilité de sa vocation,
ont-ils besoin d’afficher leurs diplômes sur les murs de pièces où ils officient ?
Qui cherchez-vous à convaincre de la crédibilité de votre position ?
Pourtant, vous vous entendiez déjà scander les mantras et les textes cryptiques
Il semble que cela ne suffise pas à vous satisfaire de vous-mêmes.
Vous vous observiez à empiler les rituels et les vêtements de circonstances,
Cependant, en secret, vous continuiez à douter de la vigueur de votre implication.
Vous voilà aujourd’hui, votre photo en main,
Fiers comme une statuette de samouraï.
L’enfant aussi demande à voir les photos que l’on a prises de lui,
déguisé en pompier ou bien en spiderman.
Il peut alors juger de sa légitimité à apparaître comme…
Il croit, dans son jeu, que l’habit fait le moine.
A cet instant, à ses yeux, il est soldat du feu, il est super héros.
Soyez votre propre parent:
derrière les poses et les attitudes, voyez l’enfant qui y croit de tout son cœur.
Et prenez confiance.
Cela vous sera fort utile lorsque la prochaine vague d’identification vous frappera de plein fouet.
Trompé par les éclats, les restes de pigments de votre maquillage institutionnel s’écailleront — Il est peut être temps d’aller vous asseoir nu.
Franck Joseph
Les articles et méditations sont disponibles en version papier ici : RECUEILS