Seul et fragile
Il avance pourtant le long de cette bande
De pierre flanquée de vide
Baffé par les vents, éclaté par la grêle
Il avance car il croit en l’autre côté
Derrière lui les cris faciles
Des communautés
Lui parviennent encore.
En balles frôlées
Certains lui passent si près
Que sa peau s’en érafle.
La bande de pierre
Portée par le vide rétrécit davantage
A mesure qu’il avance
Ici son attention s’aiguise
Il suffirait de rien
Pour que la lame se brise
Au royaume des fragiles
Les solitudes
S’accueillent et s’annulent enfin.
Il n’a pas d’autre choix
Que de croire à cela.
Personne ne le suivra.
Il ne retournera pas
Et cette traversée,
Combien l’ont amorcée ?
Avant lui, combien l’ont achevée ?
Le lion ne parle pas.
Le noir ne compte pas.
Dans les tunnels du temps
Il avait retrouvé des écrits oubliés
En décomposition
Soufflant leurs derniers soupirs
Dans la voile des fragiles
Déposés là, devant tout le monde
Les yeux de tous n’y voyaient rien.
Ces âmes abîmées
S’étant comme lui déversées
En mots, en pleurs, en sang coagulé,
En cris silencieux, qui seuls transparaissent
Dans la vitre des yeux
Quand elle oscille un peu.
Dans ses regards, ceux de ses pères
Contemporains des temps enfouis
Il trouvait la force de mettre un pied
Puis un autre, de déplacer son poids
De tirer son nombril le long de l’axe invisible
Qui le mènera au pays des fragiles.
Franck Joseph
Les articles et méditations sont disponibles en version papier ici : RECUEILS
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vintage Ramana
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Hi Ananda,
it is very nice of you to take the time to read and comment;..
A bientôt
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