Bien qu’il croisait les jambes mieux que personne, il n’était pas assis parmi nous.
Les quelques restes d’intelligence qu’il jetait en pâture étaient largement suffisants pour épater le tout-venant, remplir la fonction que chacun lui prêtait.
Mais Laura le voyait. En arrière fond, ses puissantes capacités étaient polarisées par l’animal tapi en attente de festoyer sur la carcasse de sa proie, passée, présente ou à venir.
Dans cette dichotomisation aucune sagesse — un grand mépris, une insulte à l’animalité pure, une insulte aux tristes hères brouteurs de miettes.
Il n’y avait aucune admiration à avoir pour cette capacité à agir et conserver, à allumer les bougies et l’encens, malgré les magmas obsessionnelles qui consumaient ses strates profondes. C’est alors que la bascule opéra.
L’exception, en quelques sorte : les moments ou les laves visqueuses ne peuvent plus être dissimulées et cela même aux yeux de celui qui fait tout ce qu’il peut pour ne pas voir. Le mépriser ? L’aimer encore ? L’aimer quand même ? Le plaindre, le piétiner, le changer ?
Les forces en présence semblent bien insurmontables. La priorité absolue pour Laura comme pour les autres qui percevaient les éclats de lave dans les sentiers des promeneurs était de ne pas se laisser entraîner par les chutes et déconvenues à venir.
Immanquablement, tout allait s’effondrer. Reste à trouver l’espace où l’on peut se tenir sans renier ni verser l’acide et conspirer … Un espace de transformation, en somme.
Alors que tous ces enseignements perdaient leur densité et s’émiettaient les uns après les autres. Il lui faudrait redoubler de silence, de pratique d’accueil, de dilution.
Trouver l’espace de transformation.
Franck Joseph
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