La résurrection de la chair, voilà les deux piliers de sa conférence qu’il s’obstine à tenir ensemble.
Car il ne peut les laisser aller à leur naturel écartèlement.
Ayant un pied sur chaque pilier, il en finirait douloureusement écartelé.
Et pourquoi donc a-t-il si peur de ne plus reposer sur rien ?
Pas une seule fois, je n’entends l’homme dire que le temps, notion pivot qui lui permet l’articulation funambule entre résurrection de la chair et immortalité de l’âme, est une denrée à l’objectivité très relative une fois ôté le cadre qui nous réunit ici bas.
Par ailleurs, et pour ajouter à la confusion de son propos, et à la compassion fatiguée que je lui porte, j’éprouve souvent devant les gesticulations de ceux qui ne savent toujours pas refuser qu’on les appelle “monseigneur”
— y aurait-il dans l’attachement subtil à ce statut un début d’explication de l’attachement forcené aux dogmes surannés ?
— comment expliquer l’incapacité hurlante à faire évoluer ce dogme de manière lumineuse ? Combien de visages
— honnêtes, sincèrement appelés aux beautés du Christ —
se ferment devant ces persistances à réciter froidement des termes incompréhensibles aux oreilles des chercheurs en spiritualité ?
A ce moment, vous n’êtes plus gardiens de la Nature, vous placardez le mot sur une enseigne et la plantez dans un pré où l’herbe a cessé de pousser, où les animaux ne viennent plus brouter.
Les âmes qui errent en circuits moribonds sont flouées, prisonnières des grands écartements auxquels vous les contraignez.
Et le chercheur authentique, s’il rentre à la lecture de votre enseigne entendra souffler au dehors le souffle de l’Esprit.
J’entends de la bouche de l’homme tomber des blocs de mots stériles, inaptes à ensemencer les cœurs.
Voyant qu’il semble triste et sec à force de se les être faits asséner, puis de se les entendre dire,
Et lorsque vous me voyez quitter vos encerclements, n’y voyez ni jugement ou mépris.
Si j’écris ce texte, c’est que je suis guidé par le service de mon âme.
A vos mots, elle se flétrit et mon cœur s’attriste.
J’écris ce texte, j’écris tous ces textes comme on arrose chez soi suite à quelques jours d’absence, et que l’on s’aperçoit qu’une plante bien aimée a souffert du manque d’eau.
Je me retrouve, voûté et terne. Et dans un élan de vie, je saisis le stylo pour arroser mon âme.
D’ailleurs, si je m’irrigue ainsi, c’est pour mieux vous embrasser
Je prie pour que s’irriguent les racines de votre âme et que s’ouvrent vos yeux.
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Franck Joseph
©FJ August 2020
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