Même s’il existe des aspects très sains du complotisme, pour ce qui a trait à la vigilance, à une dynamique de contre-pouvoir, ou à l’entretien d’un discernement plus que jamais nécessaire pour retrouver son chemin parmi les végétations abondantes et spontanées, auto-générées par le discours officiel, le complotisme, dans son versant psychologique, consiste à établir sa demeure dans les zones les plus sombres, à toujours disssimuler sa propre histoire parmi les scénarios du pire.
Ici, il s’agit d’un des ressorts psychologiques expliquant la raison pour laquelle tant de caractères affirmés (personalités fortes) se retrouvent familières de ces schémas complotistes : ils attisent les penchants chevaleresques de certains et aiguisent les angles sacrificiels.
Ils offrent également une modalité d’existence trépidante.
D’une certaine manière, ils actualisent dans la vie de ceux qui s’y complaisent, les ingrédients du succès des romans d’espionnage d’autrefois.
Celui qui s’est laissé happé par les bras de la machine complotiste se perçoit en héros, seul tenant des clés d’analyse que tous s’acharnent à faire taire, armé d’une infaillible foi dans l’issue positive de son action sur le monde.
Depuis ce positionnement, il interprètera les railleries, les contre-argumentations comme autant d’obstacles sur le chemin, schéma narratif qu’il s’est donné de suivre.
Aussi, au niveau psychologique, par la compensation d’un sentiment d’absence de sens à l’existence : contrairement à la complexité de la vie, les rouages de la représentation du monde pour les profils complotistes sont parfaitement huilés.
Ainsi, de manière assez paradoxale, par rapport à l’angoisse dans laquelle ces profils s’entretiennet.
La représentation du monde dans laquelle ils s’entretiennent est, pour eux, vectrice de sécurité.
Je note aussi la composante fortement addictive au coeur de ces comportements, les schémas neuronaux desquels émergent les profils complotistes sont certainement ceux empruntés par les neuro-transmetteurs du sucre, des drogues, tabac, alcool…
Il y a chez ces personnes une addiction à leur tropisme et une volonté perverse d’y retomber sans cesse.
Lorsqu’ils parviennent à faire correspondre le réel avec leur représentation du monde, cela génère une satisfaction semblable au manque que la substance vient apaiser.
Il serait interessant de se questionner sur le rôle de substitut que pourrait jouer l’adhésion aux thèses complotistes dans certains cas.
Enfin, comme noté précédemment, l’observation des logiques psychologiques au sein des mouvances complostes ne saurait être un facteur suffisant pour affirmer l’absence de fondement de telles perspectives.
