La marche lente, c’est le mouvement du temps qui passe. Sous nos pieds, il se matérialise.
Le pied postérieur devient antérieur et le pied antérieur devient postérieur.
Avec douceur, nos pieds tissent le temps.
L’actualisation est permanente. La marche, elle même, n’est qu’actualisation.
Pour que le présent soit, il faut que le passé lâche.
Sans lâcher prise sur le passé, le présent ne peut exister en nous.
Musculairement, nous lâchons, à gauche, et laissons le pied droit se planter, s’enfoncer dans le sol sans s’y installer pour autant.
Et si le temps ne fait que passer… où pourrait-on s’installer? Et qui reste-t-il pour s’installer?
Déjà, l’inspir appelle le pied gauche à passer devant. Notre demeure change en permanence, et la seule façon de s’y installer c’est de ne pas s’y installer.
Nous devenons le temps.
Il nous habite et devient nous.
Nous ne sommes ni le pied gauche, ni le pied droit. Nous sommes le mouvement.