Il me semble me souvenir que le Bouddha nous enjoint à nous questionner préalablement à toute prise de parole quant à la vérification que trois critères soient validés conjointement, à savoir :
-la véracité du propos,
-sa gentillesse,
-son utilité
Ce qui signifie simplement : si ce que tu as à dire est faux, inutile ou méchant, ou les trois à la fois, tais-toi.
Derrière chacun de ces adjectifs se cache un écueil bien précis.
-une parole fausse ajoute au chaos, aux troubles de la vision de l’autre.
-une parole méchante vise à abîmer l’autre
-une parole inutile ne peut participer à la sagesse.
Certaines combinaisons excluent a priori des usages de type :
-« mensonge pour le bien de … » (gentil/pas vrai)
-« vérité bonne à entendre » (méchant, vrai)
-ragots, colportage (serait-il informatif) (vrai, méchant, inutile)
La vertu de cette recommandation de la part de l’éveillé est de permettre ce questionnement préalable à la prise parole plus souvent.
en pratique, il aboutira à la conclusion que le silence est préférable.
C’est en partie la raison pour laquelle lors des sessions de pratique de la méditation le silence finit par s’imposer.
en effet, la volonté d’expression orale nait de l’absence d’au moins un de ces trois critères.
Si je parle, c’est parce que j’ai un élan de futilité (inutile), d’agressivité (méchant), une poussée illusoire (mensonger).
La nature du langage semble imbriquée dans les travers opposés aux recommandations initiales (intentions nuisibles, attrait pour la manipulation, légèreté fébrile).
La focalisation sur cette grille d’observation à trois colonnes permet de détricoter le langage jusqu’à apercevoir le manque de sérénité qui l’alimente.
La sagesse provient du silence
et le silence, de la sagesse.
Franck Joseph
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