Plutôt que de prendre un chemin, geste accapareur, de propriétaire terrien, il est beaucoup plus délicat de l’emprunter.
Il est utile à un moment, dans un contexte d’évolution particulier. Ensuite, telle la barque sur laquelle nous avons traversé la rivière, il convient de la rendre.
Après avoir emprunté la voie, Julie se questionnait :
Faudra-t-il la rendre un jour ?
En effet, cela pourrait servir à d’autres, on ne sait jamais…
Aux abords de celle-ci, il y a une gourmandise qui espère ne jamais connaître de satiété.
Pourtant, on emprunte uniquement les objets disponibles.
Ce premier jour, où elle a lu le livre posé sur un banc, c’est bien que quelqu’un l’avait oublié.
Aujourd’hui, alors qu’elle parle et qu’on l’écoute, pourquoi n’a-t-elle pas à son tour feint d’oublier ce livre sur un banc ?
Il n’est pas aisé de rendre le chemin que l’on a emprunté.
Somme toute, il s’agit de la même démarche que celle qui consiste à rendre l’âme.
Dans le même esprit que celui de la barque, l’idéal étant de la remettre lorsqu’elle a cessé de nous être utile, quand nous avons cessé de nous identifier à cette écorce.
Emprunter la voie, puis la rendre après l’avoir parcourue,
s’y étant identifié et avoir perçu l’autre berge,
Alors, aux pieds du ruisseau, déposer la voie.
Franck Joseph