Un ami dans le bien (*), proposait de traduire ce qui chez nous est devenu l’évidée, la triturée, l’improbable spin-off de la « pleine conscience », originellement smrti des bouddhistes, par le terme de « pleine présence ».
Sur l’instant, probablement moi-même quelque peu absent, je ne fus pas frappé par la pertinence de cette suggestion.
Et pourtant.
A la lumière d’une marche en conscience trois années plus tard, cela m’apparut comme d’une évidente précision.
La pleine conscience, dans l’expérience, est avant tout une ouverture à la présence.
Merveilleuse et joyeuse présence,
Présence de qui ?
Présence à quoi ?
Présence de ce qui écoute, de ce qui se dit.
Avec une infinie douceur, ce qui se dit, se dit tout le temps.
Ce qui écoute, en revanche, est dans la plupart des situations abondamment occulté.
Enseveli sous les mille couches, divertissantes ou préoccupantes,
ce qui se dit se dit sans que ce qui écoute écoute.
La conscience que l’on souhaite pleine, n’est alors rien d’autre que l’occasion de présence de ce qui écoute à ce qui se dit.
*L’expression « ami dans le bien » est rencontrée notamment dans le Soutra de l’Estrade de Houei-Neng (Patriarche chinois de la fin du VIIe s.)
Lorsque celui -ci s’adresse à ses disciples, c’est ainsi qu’il les interpelle.
Puisqu’il l’utilise en direction de ses disciples, transcendant ainsi la stérile dichotomie, il n’est aucune raison pour que nous n’en fassions pas une utilisation miroir à destination du maître.
Franck Joseph
Poèmes, recueils, articles et romans disponibles en format papier : LIVRES ET RECUEILS
Dernier recueil désormais sur Amazon (e-book et papier): Les Berges D’Éveil