Je pense que si l’activité professionnelle fatigue tant, c’est parce qu’elle agit tel un brouilleur de notre réseau naturel.
Je pense que la situation est encore plus patente dans le cas de l’âme contemplative.
La gamme de fréquence naturelle où s’expriment ces climats psychiques est brouillée par l’activité professionnelle.
Cette dernière, par le rythme, le langage, les impératifs de productivité ne permet plus l’expression du décalage propre à la pratique contemplative.
Comme un effet chorus mal réglé, s’en suit un sentiment de fatigue important.
Cette dé-corrélation prend notamment la forme de fatigue physique.
Que faire alors, face à ce constat ? Serait -il possible d’habiter le spectre naturel dans toute sa profondeur ?
Cela n’éteint pas pour autant le brouilleur qu’est l’univers professionnel : il continue de nuire, mais par la réduction de la bande au sein de laquelle il s’exprime, se trouve peut être une solution…
Depression
Un des facteurs de succès de l’emprise qu’il exerce est cette obstination ridicule et caractéristique, celle que l’on finit par oublier tant elle est constitutive de bien des milieux professionnels.
Cette activité à laquelle nous sommes le plus souvent contraint de dédier nos précieuses heures de vie attire progressivement notre capacité d’attention et finit par devenir l’unique objet de cette dernière.
De là, l’apparition de toute la gamme des phénomènes depressoïdes.
Epanouissement
Il doit être possible de maintenir l’assise dans la largeur du spectre naturel, la solidité de la paix, la confiance profonde. Il doit également être envisageable de faire en sorte que les deux champs, celui de l’activité professionnelle et celui de l’activité psychique naturelle se superposent et s’amplifient l’un l’autre. C’est ce qu’on appelle l’épanouissement.
Pour cela, il est nécessaire que nous opérions un pivotement dans la manière que nous avons d’investir ces heures d’activités professionnelles : elles viennent servir notre pratique spirituelle — osons le mot.
Bien plus qu’un simple petit arrangement avec nous-mêmes, le travail vient incarner, donner chair à notre pratique.
Sans cette sphère d’application, elle ne serait qu’une terre stérile, un carrelage de cuisine lavé dix fois par jour à l’eau de javel, sans qu’aucun enfant, ni aucun animal n’habite le lieu, sans qu’aucun plat n’ait l’occasion d’y être un jour renversé, car aucun repas n’y est cuisiné ou partagé.
Sans la pratique spirituelle, l’activité professionnelle n’est rien d’autre qu’un asservissement stupide.
Harmonisé par la pratique, le drilling obstiné des fréquences de l’activité professionnelle s’apaise, s’estompe.
Le regard porté sur l’acticité professionnelle change totalement, et avec ce pivotement, la perception des priorités. L’échelle de valeur est intérieure. Elle est solidifiée par la pratique.
C’est désormais à celle-ci que nous mesurons les éléments rencontrés en journée.
Et les gesticulations, les ficelles grossières, les self-product placements, le personal branding.…Tout cela n’a plus prise.
Franck Joseph
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