La Fête de Paille (2/2)

Première partie : Fêtes de Paille (1/2)

Une fois cela posé, nous pouvons nous interroger sur la fonction de l’évènement festif et sur l’intérêt au niveau politique d’entretenir et d’encourager ces maniferstations.

La fête vient raboter, chez celui qui s’y adonne, une certaine excitation. Lorsque la fête est passée, le corrollaire de l’épuisement auquel nous faisions allusion est une forme d’apaisement.

L’écume en bulles du sommet du liquide a été enlevé par l’agitation festive. Ainsi, le bouillon social ne menace plus de déborder.
Une des fonctions de la fête est donc de perpétuer le status quo. La fête est l’outil du système en place pour se maintenir. En propageant ces images de danses, de cris, ainsi que les comportements (addictifs /alcool…) associés, le cadre institutionnel ne risque plus de voir sa configuration sérieusement remise en place.

Il ne s’agit de rien d’autre que d’une manifestation cathartique, exprimée par un dérivatif.
En termes d’un autre âge, on pourrait dire que la fête anesthésie les membres du peuple.
Savamment injectée dans les veines sociales, elle assure que les spasmes du patient seront d’une amplitude « gérable ».

Egalement, la substance festive favorise une addiction au sentiment qu’elle génère (puisque l’effet cathartique est quasi immédiate, les organismes sociaux percoivent l’environnement festif comme une solution terriblement efficace au malaise diffus qu’ils peuvent ressentir.

Enfin, cette efficacité est la garantie d’absence de toute tentative d’investigation (un cachet de paracétamol pour le mal de tête, tendra de la même manière, à ne pas considérer l’origine profonde du désagrément.
Il suffira d’en avaler une à chaque fois que cela se produit.)

Ensuite, l’univers festif justifie son existence par l’énorme dimension mercantile qui en émane.

En effet, associé au pôle maniaque, il encourage les comportements excessifs, débridés, non considérés, il devient alors la parfaite sphère d’expression des achats compulsifs, précisément parce que « c’est la fête ».

Brandissant à tout va cet argument tautologique, l’univers festif représente un terrain d’opportunité commercial qu’un œil avide ne saurait s’empécher de considérer.
Nous pouvons ici faire un parrallèle avec les sphères touristiques : notons cependant que les dimensions culturelles, le contact avec la nature en font un objet de comparaison moins nocif, plus versatile, difficilement saisissable par « la fête ».

Contrairement à ce que l’on peut entendre parfois, je ne pense pas que les comportements dont nous parlons dans ces lignes aient grand-chose à voir avec les rituels ancestraux accomplis par les sociétés primitives, la fête contemporaine (peut-être justement du fait de son utilisation à des fins commerciales par des acteurs professionnels, ils puissent se superposer aux danses et chants d’autrefois.

Les dimensions spirituelles, culturelles, débordent en effet largement en regard des communions superficielles qui sont proposées aujourd’hui. Certains espaces, néanmoins se superposent : l’utilité politique : celui qui permet la fête dirige et induit « transe », est investi d’un certain pouvoir par l’assistance. Peut-être s’agit-il ici de la justification de l’aura dont bénéficie les « idoles » de la musique utilisée lors de ces fêtes.

Les mêmes éléments peuvent se constater au niveau de l’individu. Les soubresauts du corps social observés à ce niveau prennent la forme d’une anxiété que l’évènement festif vient poncer, afin de permettre à l’individu de poursuivre son service quotidien une semaine encore.

Cependant, à chaque tonte de la toison d’anxiété, celle ci repousse un peu plus dur, un peu plus dense, et l’épuisement hebdomadaire, pour ces quelques heures d’épuisment/d’apaisement qu’il offre, nourrit déjà la frustration et le gondement fébrile de l’anxiété à venir.
Lorsqu’il parvienda à maturité (au niveau collectif et/ ou individuel), je doute que quelques verres gobés au travers des cris du DJ , ne suffisent à masquer la tristesse qui craquelle les visages fardés.

Opérons un dernier détour par le divertissemnet touristique pour lequel, lors d’une précédente publication, nous recommandions de trouver un quotidien duquel il n’est plus nécessaire de chercher à s’échapper.
Questionnons cette anxiété qui renaît, protéiforme, à chaque tonte festive : existe-t-il une dimension de l’être, un champ de l’existence que nous n’avons pas encore investi dans lequel l’anxiété a cessé de repousser ?

©FJ April 2022
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