An English version is available here : In the Inkwell of the Self
Tremper sa plume dans son petit encrier est difficile.
Les idées s’y engluent et ne se délient qu’imparfaitement, après un labeur fastidieux.
Comme un véhicule dont le réservoir est finissant, la plume broute, elle progresse incertaine et par à-coups, peu encline à une orientation quelconque.
S’il trempe sa plus dans son petit encrier, l’écrivain croit alors que les idées viennent de lui. Et c’est depuis ce ponton branlant qu’il gesticule, pathétique, recherchant l’attention de ses pairs.
A l’encrier du Soi, la plume effleure à peine le grain du papier, tant elle fuse de phrase en phrase. Les mots qui perlent en colliers de joyaux simples et merveilleux, y dessinent des prières, des chants, des mantras.
Pour Dieu, pour les dieux, pour les hommes et ceux qui leur ressemblent : pour l’univers entier. Celui qui pose sa main sur la plume filante est un homme en prière, émerveillé des profondeurs de beauté où se sculpte le monde.
S’il lui arrive d’être assez étroit pour se laisser bercer par l’idée qu’il est l’auteur de ces lignes et qu’il lui importe d’être lui pour que ces lignes soient, les mots s’alourdissent à nouveau et le voilà dans la souffrance inutile de l’enfantement de lui-même.
En voulant se dire, il se tait
En sachant se taire, il se dit
Pour un instant, l’homme devient encrier où la plume se trempe et d’où il contemple le déploiement du monde. Il lui faut tout abandonner pour accompagner les pages du monde qui se tournent l’une après l’autre.
Entrer en recueillement,
mais ne rien recueillir,
Suivre Celui qui est
être celui qui suis.
Franck Joseph
©FJ Sept 2019
Les articles et méditations sont disponibles en version papier ici : RECUEILS
Merci pour tes mots!
Zahra
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merci pour ton retour…
(Très bonne année à toi)
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