Des P’tits Trous

Le poinçonneur des lilas, de Gainsbourg, voyait des petits trous partout.
C’est animé d’une frénésie comparable que nous vagabondons dans le monde, armés, non pas d’une machine à poinçonner, mais d’un tampon.

A l’encrier intérieur, nous le trempons et tamponnons à tout-va ce qui passe à portée d’outil. Le tampon est bête. l’épaisseur de son manche n’a d’égale que son obstination furieuse à imprimer, encore et encore, le même signe sur le monde jusqu’à assèchement de ses structures.
C’est à l’encrier de l’ego que nous l’abreuvons de nouveau pour qu’il puisse estampiller le monde aux couleurs de ses frustrations, à la hauteur de ses ambitions.

Dès lors, deux possibilité s’offrent à l’homme de liberté :

– Laisser tomber l’outil, par l’ascèse, parier ainsi sur son dessèchement en rendant inutilisable son encre égotique, mais cette voie de contention risque de faire déborder son encrier. auquel il se cramponne depuis  la naissance .

-Ou renverser l’encrier intérieur dans la source qui passe au travers des prairies de son âme. Dans ce cours d’eau, sans fin, le bleu foncé, le noir, le rouge se diluent, disparaissent dans les forêts de l’au-delà-de-soi.
Et, lorsque, mu par un réflexe, l’homme se retrouvera à vouloir estampiller le monde autour de lui et ses souffrances, il se retrouvera alors à tamponner le vent et sera peut-être le premier à en rire. 

Franck Joseph

Text ©FJ Jan 2020All rights reserved.

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