Je ne sais vraiment que penser… alors j’écris.
D’un côté cela fascine
A juste titre : c’est fascinant.
Cela fascine autant que cela effraie.
-Première considération… C’est une pratique ancestrale — pour peu que l’on sonde ses origines, on ne parvient à en trouver une tant elle se fond dans les racines de l’humanité.
Autre remarque : d’où vient l’interdiction biblique dans l’ancien testament, disant que Dieu les a en horreur ces praticiens de la divination, cartomanciens, lecteurs d’entrailles et autres ? Quel est son fondement ?
-Premièrement il semble qu’il y ait un manque de confiance dans la vie en elle-même et dans ses déroulements pour chercher sans cesse à mettre un intermédiaire (medium) supplémentaire alors que les cartes divines (la réalité, le monde les phénomènes…), finalement, se déploient devant nos yeux à tous, en permanence.
Qu’irait-on lire ailleurs ? Pour qui se prend-on ?
-Première opposition (rhétorique, pas fondamentale) à cet argument : si, effectivement, Dieu déploie les cartes du monde en permanence, alors celui qui déploie les cartes de carton, en faisant cela, exprime aussi les cartes du monde, puisqu’il est inclus lui même dans ce tout, comment pourrait-il en aller autrement ?
-Autre chose: ce n’est pas dans le déploiement des cartes qu’est le problème, mais dans la volonté de déployer ces cartes : cela semble dire que le réel est illisible.
-Autre remarque sur la pratique de la cartomancie : elle peut être simplement un écho extérieur, rien d’autre que cela.
-Puis, remarque habituelle, elle creuse un lien de dépendance entre celui qui lit et celui pour qui on lit. Elle tire profit de l’analphabétisme de celui qui consulte (inaptitude à lire le monde). Elle peut être dévoyé de mille façons. Effectivement, face à l’analphabète, celui qui prend un texte et le lit, peut raconter n’importe quoi…de là, toutes les utilisations, manipulations, maintien sous le joug de .. tout cela reste potentiellement très dangereux.
Je prends un règle et je souligne trois fois de rouge, ces deux termes qui, je le pense, à eux seuls suffisent à justifier l’interdit biblique.
–Enfin, de manière plus intime, je pense qu’il s’agit d’un cul-de-sac, dans lequel il est facile de mettre la personne qui consulte, mais aussi celui qui s’adonne à cette pratique, car il se crée un lien de dépendance aussi entre celui qui tire les cartes, et les cartes elles-mêmes :
Il devient difficile à ce dernier de ne pas les tirer à la moindre hésitation ou incompréhension face aux événements de la vie.
-Une fois ceci posé, est-ce pour autant que les cartes ne participent pas à fournir des pistes d’explications .. ?
Après tout, lorsque le doute est semé en tout sens, n’est-ce pas là quelque chose à quoi se raccrocher…et si tout est également douteux, en quoi le message fourni par les cartes et / ou celui interprété par le lecteur est-il pire qu’un autre ?
-Je pensais, pour l’avoir expérimenté un certain moment, et pour avoir entendu d’autres personnes pratiquant ces arts divinatoires, que, dans les cas les plus nobles, il s’agit d’un subterfuge intelligent — un bouddhiste dirait d’un moyen habile — pour donner corps à une lecture intérieure. Quelque chose d’intime que le lecteur sait sans les cartes.
Mais par un jeu de miroir, par une déviation d’ordre médiatique (médiumnique, ici équivalent ), d’asseoir ce qu’il dit, car, s’il le livrait de but en blanc, le poids et l’écoute ne serait pas les mêmes… Les cartes et autres supports seraient alors simplement contextuelles. Elles seraient ce qu’est le repas d’affaire à la conclusion du contrat, l’écoute profonde du thérapeute à la guérison.
-Pour celui qui les tire, elles sont à mettre en regard de ce qui se passe pendant l’assise.
Car la sensibilité du pratiquant de cartomancie est toujours réel, exacerbée et intuitive.
Il se joue quelque chose de profond. Il faut aussi laisser la place pour le respect de cela.
-Les cartes sont alors un balbutiement au regard du potentiel qu’offre l’assise à celui dont la sensibilité capte. Car avant de savoir quoi dire, que dire, comment dire, il y a une multitude de couches à épurer. Lorsque ce travail de peeling que permet l’assise est effectué…voyons, si les cartes ne restent pas au fond d’un tiroir.
Franck Joseph
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