Je ne peux pas affirmer que la vie que je vis, celle que j’ai vécue jusqu’ici
se soit réellement produite.
Il n’est pas impossible qu’elle n’existe en fait que dans mes yeux.
Ma vie est une production de moi, par moi et pour moi.
Elle est des bribes de sentiments plus aiguës, d’émotions qui transpercent un jour
le voile du quotidien, de visages, de souffles, d’impressions, d’intonations, de décès, d’atmosphère ressenties.
Elle est tout cela cousu ensemble, à la faveur de mon esprit et recouvert des couleurs du moment.
En tant que telle, il se peut qu’elle n’ait pas d’autre existence que dans mes yeux.
Ou qu’elle ait les mille existences que mes yeux lui donnent ici ou après, c’est à dire aucune.
Alors oui, l’instant prend toute sa valeur, puisqu’il désactive ses lueurs de fortune, d’infortunes, que l’on tisse entre les éclair du passé.
Il suffit d’être épuisé, de ne plus avoir la force de coudre ensemble les éléments du passé ou de sourire aux pièges tendus par cette pièce rafistolée mille fois et qui, selon que l’on l’incline comme ceci ou comme cela révélera un motif différent.
C’est en cela que dans l’instant, les plus perdus des pèlerins peuvent se trouver.
Dans l’instant, se retrouvent les acharnés, ceux qui ont tendu et élimé le tissu dans tous les sens.
Les timides, les disciplinés attendent encore dans le confort passé ou se molletonnent dans l’à-venir.
Il reste peu de monde pour s’engouffrer dans la brèche du doute de son existence.
Franck Joseph
Text ©FJ Juin 2020 – All rights reserved.
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Merci à tous de permettre la continuité de ce projet.
Merci ! C’est un beau texte et un constat que je fais moi-même sans l’avoir exprimer si clairement …
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Bonjour Brigitte,
Merci pour cette lecture attentive
Je suis heureux que ces quelques mots puisse résonner juste.
C’est d’ailleurs leur résonnance qui apporte la justesse, je crois.
Très bonne journée,
Au plaisir d’échanger,
Franck
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