Inapte, par son ignorance, à saisir la profondeur sans concession avec laquelle il plongeait dans la joie, elle percevait son ami dans les capacités qui étaient les siennes : celles du fonctionnel quotidien, du productivisme ambiant, de l’aisance habituelle à se mouvoir dans les milieux insipides et visqueux des mondanités.
A ses yeux il apparaissait, en vrac : dysfonctionnel, improductif et furieusement mal-pourvu lorsqu’il en allait de déambuler dans les couloirs du personal branding.
Il savait qu’elle ne portait pas en elle cette vue, ce qu’il fallait de cruauté froide pour blesser consciemment le poétique albatros ou l’enchaîner aux mots des conventions mortifères, le reléguer aux cales des divertissements de l’obscur.
Pourtant, les mots qu’elle laissait tomber de sa besace négligée ce soir, lui tailladaient les entrailles.
Les paroles d’ignorance ne faisaient qu’accroître le sain dégoût, la forte intuition de mise à distance qui l’animait à l’encontre de ces champs de superficialité.
Mais c’est surtout la solitude…
Plus que les mots et bien plus encore que l’origine qu’ils trouvent chez celle qui partageait ce terrain d’expériences quotidiennes, suintait la solitude.
En rappel implacable.
Là où il souhaitait ardemment transformer en jouissance simple les chaos de ce monde, où il attendait les reflets des soleils intimes dans les lunes terrestres, on lui brandissait le sombre et l’opaque en unique horizon.
Les graines de sapience plantées par delà nos épaules sont heureusement indéracinables.
Cette information avait désormais suffisamment irrigué sa conscience pour qu’il sache combien les astres sont surprenants et comme une imperceptible déviation peut mener à un alignement foudroyant.
Franck Joseph
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