Les voies d’un autre âge, que nous empruntions,
Passant dans les plaines, et tracées de mains d’homme.
Il fallait aller, droits et pleins d’ambitions,
Bras tendus, toucher les résultats des sommes.
Mon âme bancale, et ton menton levé,
Nous pensions alors, nourris que nous étions,
« Tous américains! », brandissant le poignet,
Il fallait y croire– Oh mon ami, fuyons!
Par delà les vents sales, que leur haleine empeste,
Au dessus des nuées, viens pleurer sur leurs crânes,
Eux aussi auraient cru, mais de temps il ne reste
Guerres, jeux, quêtes, identités fugaces, faux chamanes,
Ne te laisse pas suivre; toi-même, ne me suis pas,
Nous nous condamnerions à tracer derrière eux,
Des sillons d’ennui, où s’enchaîneraient des gueux.
Laisse toi reconnaître, cela suffira.
Dansons parmi eux– n’appartenons nulle part!
Ne laissons pas leurs mots sédimenter en nous,
En cultivant le vide, en créant des écarts
Improbables, joyeux, détricotons les codes.
Car le voyage allège du fardeau de nous-mêmes,
Et derrière nos yeux, plantés sur les discours,
Coule un torrent de vie et l’heure du baptême,
Imminente, permanente, sonne et nous restons sourds.
NiDr