Tu choisis de souffrir

Arrière gorge nouée
Compression épigastrique
Diaphragme oppressé
Surpression mandibulaire.

-“ Une fois encore, me voilà allongé dans la zone de souffrance”.

Sophie vit cette phrase émerger du marasme de ces pensées tournoyantes, telle un bouquet furtif, reliant les tiges les plus représentatives de ce jardin des proliférations anxieuses.

-« Bien que je le subisse, je sais qu’à un autre niveau, il s’agit d’un choix.
Lointain et inconscient, difficilement supportable à celui qui en pâtit en ces instants de tourments. »

Pourtant il s’agit bien d’un choix. Résider ici plutôt que là. Comme un emploi d’exploitation moderne, mal payé, que l’on choisit de ne pas quitter. Le confort du connu.

Dans ce connu qui la maintient hors de portée d’un sommeil apaisé, il n’y a aucun espoir à placer. Des milliers de nuits passées ainsi ont suffi à lui prouver que, statistiquement, l’appréhension qu’elle expérimentait en position allongée n’avait que peu de points de contact avec la réalité qui l’attendait au matin.
S’agissait-il alors d’un procédé vicieux au cours duquel elle créait artificiellement un contraste en ce qu’elle trouvait largement inacceptable (schémas de nuit) et une réalité banalement inacceptable (vécu de jours) de manière à traverser ses journées dans une difficulté “gérable” ?

Et ces plages de calme qu’elle avait pu parcourir lors de ces sessions de pratiques méditatives, cet amarrage aux profondeurs…. où étaient-elles, ces profondeurs maintenant ?

Manifestement, il n’était pas de son ressort de les convoquer. Toute tentative d’agripper un bout de respiration qui passe, était voué à l’échec.
Lui reste alors cette observation pragmatique : “C’est un choix”

Comme une mise en abyme furtive implantant cette information depuis laquelle il lui fallait maintenant investiguer cet énoncé :

“Tu choisis de souffrir”…

©FJ Oct 2019

Les articles et méditations sont disponibles en version papier ici : RECUEILS

Laisser un commentaire