L’Auto-Attestation : Fourberie Ultime.


Une fois n’est pas coutume : ces pages ne sont pas destinées au commentaire de l’actualité.
Enfin…pas de manière aussi explicite qu’aujourd’hui.
Disons que j’ai l’épiderme à rebrousse-poil, lorsque j’entends ce matin à la radio que « c’est le grand retour de l’attestation »..


Il va quand même falloir m’expliquer le principe de l’attestation à soi même…

En quoi ce document a-t-il un pouvoir de justification supérieur à la parole d’un individu lorsque celui-ci croise un agent zélé ?

La nature écrite n’a ici pas l’ascendant qu’on lui connaît sur le discours oral d’un individu, puisque la source certifiante est la même.

Au centre de l’engagement envers soi-même par écrit, se cache (à peine) une imbuvable démarche de pédagogie.
Sommes-nous censé nous éduquer ainsi, en signant ce bout de papier à notre propre attention ?
S’agit-il de la même logique que celle consistant à demander à un élève turbulent et fainéant de CE2 de « faire un contrat », de « sengager à ne plus faire de bêtise » ?

Est-ce un processus infantilisant visant à nous enjoindre au respect de l’engagement, puisque nous nous le sommes « promis » ?

Il y a ici — je le touche presque mais n’y parviens pas encore suffisamment — un noeud psychologique, une boucle folle, une ligne de code malveillante, un cookie qui se glisse, un larsen qui commence à poindre :

Ce son est celui de notre culpabilité diffuse : l’attestation nous rend coupables de quelque chose, sans que l’on sache vraiment de quoi il s’agit.
Déjà le pas-de-porte passé, nous nous excusons presque.

Ne voyez-vous donc pas ? Comment est-il encore possible de ne pas voir ?

Adultes, individus psychologiquement indépendants,
Où donc s’en est allé votre discernement ?


Chaque phrase que vous prononcez EST une auto-attestation.


Ce procédé requis décridibilise notre parole d’adulte et désincarne un peu plus notre discours. A chaque attestation signée, il brouille notre rapport à nous-même.

Surtout : l’attestation invite le pouvoir étatique dans la relation à soi-même. Au coeur du plus intime de nos espaces.

Voilà peut-être la fourberie ultime.

Franck‌ ‌Joseph‌ ‌ 

©FJ‌ ‌March 2021
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3 commentaires

  1. L’ultime subversion étant de d’autoriser de soi-même !
    Donc il faut s’autoriser de tordre un peu les cadres légaux et se faire des autorisations de soi-même, pardon, des attestations, sans être trop rigoureux quant à leur objet. Comme quand ceux qui nous administrent détournent (souvent) l’argent public de son but premier, quoi.

    Aimé par 1 personne

    1. aussi, se souvenir que beaucoup de « cadres » ne sont pas, stricto sensu, « légaux ».
      Ceux en charge de leur application souvent l’ignorent.

      Une fine connaissance des textes peut être nécessaire. LE problème étant que les système d’asservissement actuel et l’agencement des information (masse incommensurable/ l’aiguille et la botte de foin) empèchent en soi l’accès à l’information.

      Merci à vous…
      Bonne journée

      J’aime

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